En bref

Des nouvelles de nos labos

Des nouvelles de nos labos

Coraux et coulées de lave

Une équipe du laboratoire ENTROPIE étudie un phénomène rare : comment les coulées de lave réunionnaises sont colonisées par les coraux ? Les chercheurs comparent les récifs de l’ouest de l’île, vieux de plusieurs milliers d’années avec les récifs jeunes des coulées volcaniques de l’est. 

Les éruptions volcaniques sont fréquentes à La Réunion et la lave du Piton de la Fournaise, un des volcans les plus actifs du monde, atteint parfois l’océan. Ces coulées sous-marines destructrices ravagent les coraux et leurs habitants, tués par l’augmentation de la température de l’eau dans un premier temps mais deviennent ensuite un support de vie. 

Le but de ces travaux est de comprendre comment les coraux colonisent et ont colonisé les contours de La Réunion pour former les récifs que nous connaissons dans l’ouest et le sud de l’île.

Pour cette étude, Florian Jouval, encadré par Lucie Penin et Medhi Adjeroud a observé en plongée des coraux sur des coulées de lave d’âge différents pour les comparer aux coraux des récifs de l’ouest, plus anciens, de manière à établir une chronologie de la naissance d’un récif. De plus, des carreaux de céramique ont été placés sur les coulées de lave et dans les récifs de l’ouest pour analyser et comparer l’installation de très jeunes coraux (moins de six mois), encore invisibles à l’œil nu.

Les premiers résultats ont montré que les coraux de l’est grandissent aussi vite et de manière aussi dense que ceux des récifs de l’ouest. Cependant, l’équipe de l’université de La Réunion a remarqué que des espèces de coraux manquaient à l’appel sur les coulées de lave, peut-être les plus sensibles aux vagues, plus intenses de ce côté de l’île. 

Les études de la colonisation des coulées de lave sous-marines se poursuivent pour les scientifiques de l’université qui ont le privilège d’étudier un phénomène rarement observé dans le monde : la naissance d’un récif.

Références :
Jouval, F., Bigot, L., Bureau, S. et al. Diversity, structure and demography of coral assemblages on underwater lava flows of different ages at Reunion Island and implications for ecological succession hypotheses. Sci Rep10, 20821 (2020). https://doi.org/10.1038/s41598-020-77665-z

Laboratoire écologie marine tropicale des océans Pacifique et Indien ENTROPIE

Decouverte d'une nouvelle espèce d'orchidée

En septembre 2020, deux botanistes, Cláudia Baider, conservatrice de l’Herbier National de Maurice , et le Professeur Thierry Pailler conservateur de l’Herbier de l’université de La Réunion, ont publié la découverte d’une nouvelle espèce d’orchidée endémique de La Réunion et de Maurice : Bulbophyllum Mascarense, dans la revue Botany Letters.

Sa découverte a été faite par les deux botanistes qui ont étudié les spécimens des herbiers d’orchidées de La Réunion et de Maurice, notamment les ajouts de spécimens du genre Bulbophyllum. Des comparaisons morphologiques approfondies ont dévoilé que plusieurs spécimens identiques du genre Bulbophyllum ne correspondaient pas aux espèces déjà connues. Une description détaillée de ce nouveau groupe a donné naissance à cette nouvelle espèce d'orchidées.
En fonction des points géographiques de prélèvement des spécimens de la nouvelle espèce, les botanistes ont pu calculer son aire de répartition et évaluer son statut de conservation : « Décrire de nouveaux taxons (groupes d'organismes possedant un certain nombre de caracteres communs) et résoudre des erreurs taxonomiques est important pour améliorer les actions de conservation pour les espèces des Mascareignes. »
Sur l'île de La Réunion, Bulbophyllum Mascarense a été observé dans l’est, à Saint-Benoît, Saint-Philippe au Tremblet et à la Plaine de Palmistes entre 400 et 1200 mètres d’altitude. Beaucoup de jeunes plantes ont été observées, ce qui est encourageant pour sa reproduction malgré le peu de fruits qu’elles portaient.

Bulbophyllum Mascarense pousse généralement sur les troncs et les branches des arbres, à l’ombre, et mesure entre 20 et 40 mm de haut en formant des petites colonies.

Références :
Thierry Pailler & Cláudia Baider (2020): Bulbophyllum mascarenense Pailler and Baider sp nov.: a new endemic orchid species from the Mascarenes, Botany Letters, DOI: 10.1080/23818107.2020.1817145

Contact :
Thierry Pailler, professeur
laboratoire peuplements végétaux et bioagresseurs en milieu tropical PVBMT

Des échanges autour de la méthode pour nourrir la recherche en droit

La thèse est un temps long de perpétuelles interrogations sur la méthode. Face à cette errance, l’idée a germé dans l’esprit de Clotilde Aubry de Maromont, Maître de conférences en droit privé et d’Agnès Vidot, Doctorante en droit public, à l’Université de La Réunion, de se saisir de ces interrogations pour les mettre en questions . 

La littérature spécialisée, relativement pauvre, laisse les doctorants isolés face à leurs échéances. Clotilde Aubry de Maromont soulève que : « les étudiants en droit ne sont pas formés à la recherche lorsqu’ils se lancent en thèse. En licence ou en master, les savoirs transmis sont plus volontiers orientés vers la formation pratique ».

La réflexion s’est étalée durant une année au cours de laquelle, des regards croisés sur les questions de méthode ont permis à plusieurs générations de chercheurs de faire mûrir le projet. Le fruit de ces réflexions a été présenté à l’occasion de deux journées d’étude.

Lors des journées, les doctorants ont exposé leurs problèmes de méthode et en ont débattu en binôme avec un enseignant chercheur titulaire. Une grande réflexion collective s’est ensuite poursuivie avec tous les participants.  « C’est dans ce format de binômes doctorants/titulaires et du temps long de la réflexion que réside l’originalité de la démarche » précise Clotilde Aubry de Maromont.

Pour Agnès Vidot, le bilan de ces deux journées est très positif « Ces journées ont été l’occasion pour chaque doctorant de faire un pas de côté et interroger sa méthode – ce que nous faisons encore trop rarement en droit et qui est pourtant essentiel, notamment dans le cadre d’une recherche doctorale ».

Les enseignants-chercheurs venus de métropole ont aussi été séduits par ces journées qui seront sûrement reconduites dans d’autres universités dans le but d’aider les jeunes chercheurs en droit dans la rédaction de leur thèse.

Contact :
Clotilde Aubry de Maromont, maître de conférences en droit privé
Centre de recherche juridique (CRJ)

Les plantes médicinales stimulent la recherche et l’économie

Après un long combat des ultramarins, la loi pour le développement économique des Outre-mer (LODEOM) a officialisé, le 27 mai 2009, la reconnaissance des plantes médicinales des Outre-mer en permettant leur inscription à la Pharmacopée française (Recueil à caractère réglementaire des matières premières autorisées à entrer dans la composition des médicaments).

Entre 2012 et 2019, le laboratoire ChemBioPro (ex LCSNSA) et l’Association pour les Plantes Aromatiques et Médicinales de La Réunion (Aplamedom) ont réuni leurs efforts pour faire inscrire 27 plantes de La Réunion à la Pharmacopée française. Elles ont été agréées suite à la soumission de leurs monographies bibliographiques aux membres du Comité Français de la Pharmacopée (CFP) « Plantes médicinales et huiles essentielles » de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM). 

Cette reconnaissance officielle des savoir-faire traditionnels et patrimoniaux en matière de plantes médicinales à La Réunion a, non seulement, assuré une meilleure connaissance des plantes médicinales utilisées, mais également, de plus larges possibilités de valorisation économique pour les producteurs et les transformateurs de ces plantes.

L’inscription des plantes médicinales réunionnaises à la Pharmacopée française suscite une émulation dans le milieu de la recherche et dans celui de l’entrepreneuriat. Une dizaine de projets de recherches a vu le jour avec pour objectif l’exploitation de ces plantes à des fins thérapeutiques (traitements anti-viraux, anti-inflammatoires…) ou cosmétiques. Ces projets sont portés aussi bien par des équipes de chercheurs de l’université de La Réunion, en partenariat avec des laboratoires locaux, nationaux et internationaux, que par des start-up locales qui font souvent appel aux compétences du laboratoire ChemBioPro.

Contact : 
Anne Bialecki, professeure et directrice
laboratoire ChemBioPro, chimie et biotechnologie des produits naturels