Grand angle

Planter la graine de l'innovation et de l’entrepreneuriat

Planter la graine de l'innovation et de l’entrepreneuriat

Les 10es Doctoriales de l’Université de La Réunion, organisées du 28 septembre au 2 octobre 2021, ont permis à la quarantaine de participants de se familiariser avec le monde de l’entrepreneuriat et l’écosystème réunionnais de l’innovation. Objectif de ces rencontres : inciter les doctorants à convertir les résultats de leurs recherches en projets innovants, susceptibles d’intéresser des entreprises existantes ou de justifier la création de « jeunes pousses ».

Entre la recherche, qui vise à créer de la connaissance, et la création d’un produit ou d’un service susceptible d’alimenter un marché, il n’y a qu’un pas. Comment les doctorants peuvent-ils le franchir ? Depuis quelques années déjà, les Doctoriales de l’Université de La Réunion s’efforcent de répondre à cette question. Ce fut de nouveau le cas lors de la 10ème édition, organisée en partenariat avec Nexa, la Technopole et le Village by CA et soutenue financièrement par la Délégation régionale académique à la recherche et l’innovation.

Pendant cinq jours, du 28 septembre au 2 octobre, une quarantaine de doctorants ont pu suivre des conférences sur la Stratégie de spécialisation intelligente de la Réunion, le statut d’entreprise innovante, le dispositif docteur-entrepreneur ou encore le design thinking (une méthode pour transformer les idées et les projets en actions ou en prototypes).

En équipe, les doctorants se sont initiés à l’élaboration d’un modèle économique et à la manière de le présenter, au montage d’un projet de financement, à la gestion de la propriété intellectuelle et à l’art du picth. Chaque équipe a ensuite planché sur un projet d’entrepreneuriat présenté à un jury. Trois d’entre eux ont été distingués.

Préparer un plan B

« L’objectif des Doctoriales est de planter la graine de l’entrepreneuriat et de l’innovation, résume Alain Bastide, professeur de mécanique et administrateur de l’école doctorale Sciences Technologie Santé, qui a piloté l’organisation de la manifestation. Aux doctorants de la faire germer par la suite ! La majorité d’entre eux ont le projet d’intégrer une université ou un organisme de recherche. Or, si 14 000 doctorants sont diplômés en France chaque année, il ne se crée ou se libère que 2 000 postes dans la recherche. Ils ont donc intérêt à préparer un plan B dans le monde de l’entreprise, de l’innovation, de la R&D… » 

Les deux écoles doctorales de l’Université, pour les filières STS et SHS, les accompagnent également dans cette direction et les Doctoriales portent ce message ». Lors de la 10ème édition, l’université de La Réunion a une nouvelle fois fait appel à l’association Bernard Grégory, basée à Paris et qui œuvre à rapprocher les mondes économique et académique, en facilitant la mobilité professionnelle des docteurs et en accompagnant les entreprises dans leur recrutement de profils scientifiques. Vincent Mignotte, son directeur, a fait le déplacement. « J’ai pu constater la motivation des doctorants, sincèrement mobilisés pour que l’innovation bénéficie à La Réunion », commente-t-il.

Si 14 000 doctorants sont diplômés en France chaque année, il ne se crée ou se libère que 2 000 postes dans la recherche. Ils ont donc intérêt à préparer un plan B...

Alain Bastide, administrateur de l'école doctorale STS

L’ABG, incontournable partenaire

L’Association Bernard Grégory a été fondée en 1980 à l’initiative du ministère de la Recherche, du CEA et du CNRS, à une époque où les entreprises françaises recrutaient beaucoup d’ingénieurs mais faisaient peu appel aux titulaires de doctorats. « Graduellement, le doctorat a été mieux compris des entreprises, y compris des PME, constate Vincent Mignotte, directeur de l’association. Elles ont compris ce que pouvaient leur apporter des jeunes capables de s’attaquer à des problèmes complexes, aux frontières de la connaissance ».

L’Association Bernard Grégory emploie actuellement 13 personnes. Elle développe des formations spécifiques pour les doctorants et les docteurs, afin de les aider à piloter leur carrière et forme aussi les responsables d’équipe de recherche à leur rôle de manager.

L’ABG anime un site qui recueille plus de 4 000 offres d’emploi, de sujets de thèse et de stages Master 2 par an, ainsi qu’une CVthèque de docteurs de toutes disciplines. De plus, elle propose aux entreprises une palette de prestations de recrutement qui va de la sélection de C-V à l’approche directe de candidats.

Labellisée par Euraxess, la plate-forme européenne de soutien aux professionnels de la recherche, l’ABG accompagne les doctorants, post-doctorants et encadrants des programmes européens Marie Curie.

Pour en savoir plus : www.abg.asso.fr

Les principales aides

Incubation de projets innovants : agréé et financé par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, la Région et l’Europe, l’incubateur de La Réunion est abrité par l’association Technopole. Il accompagne les futurs créateurs d’entreprises innovantes, notamment en leur apportant des financements de prestations externes.

Les conventions Cifre (Conventions Industrielles de Formation par la Recherche) sont signées entre une entreprise et un diplômé de niveau Master, recruté en CDI ou CDD pour mener une mission de recherche. Ces travaux constitueront l’objet de la thèse du salarié-doctorant. Un laboratoire de recherche académique encadre les travaux du salarié-doctorant, l’Association Nationale Recherche Technologie verse une subvention à l’entreprise.

• Le Crédit Impôt Recherche, dispositif de soutien aux activités de recherche et développement des entreprises, permet de défiscaliser 50% des investissements de R&D. Il est accordé par l’administration fiscale après avis d’un expert.

• Le dispositif Jeune Entreprise Innovante confère des avantages (exonérations d’impôts, allègements de cotisations sociales) aux PME de moins de huit ans qui engagent des dépenses de recherche-développement représentant au moins 15 % de leurs charges.

Tous ces dispositifs sont supervisés, à La Réunion, par la Délégation régionale académique à la recherche et l’innovation, dirigée par Abel Hiol.

• Les aides FEDER au recrutement de jeunes diplômés – doctorants et post-doctorants – doivent être reconduite dans le programme 2021-2027, en cours de finalisation.