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Le risque cyclone sous les feux croisés de la recherche
Actualisation de la S3 : l'université affirme ses ambitions
Que cachent les récifs coralliens
Face aux « fake news », à la désinformation et la remise en cause sans fondement de la parole scientifique, la seule réponse est la science rien que la science sous toutes ses formes. C’est tout l’enjeu de ce troisième numéro du webmagazine de la recherche. Les acteurs en science, chercheur•e•s, technicien•ne•s, étudiant•e•s de l’université de La Réunion et leurs partenaires des grands organismes de recherche, avec le soutien des financeurs (Europe, Région, État) nous apportent ici des données factuelles issues des observations de la luxuriante nature de notre île et de notre bassin géographique.
A l’ère de l’anthropocène, la recherche réunionnaise mise sur l’interdisciplinarité (sciences de la technologie et de la santé, sciences humaines et sociales) pour scruter la nature à l’aide des dispositifs innovants afin de prédire les risques encourus par les populations face aux changements globaux qui peuvent accélérer les bouleversements des socio-éco-systèmes. En plus des observations des grands phénomènes naturels, les scientifiques posent aussi leur regard diagnostique par des expérimentations in situ, tant en milieux marins que terrestres, et en laboratoires. Ainsi, loin des fake news, les résultats sont probants : découverte de nouvelles espèces, description de la colonisation de coulées laves sous-marines préfigurant la naissance d’un récif corallien, passionnante histoire de la symbiose et frugivorie en forêt réunionnaise sous le prisme du volcanisme, incrémentation de la liste des plantes médicinales réunionnaises dans la pharmacopée française qui font le bonheur des chercheurs et start-up pour leur valorisation comme sources de molécules anti-infectieuses ou anti-cancéreuses, etc.
Au-delà de la production des connaissances, un autre grand enjeu est la diffusion des résultats scientifiques au plus grand nombre afin que la science, rien que la science, passe de l’ombre à la lumière dans nos sociétés. Cette métaphore de l’ombre à la lumière prend tout son sens avec ce webmagazine et le mouvement de la science ouverte dans lequel l’université de La Réunion s’inscrit pleinement.
Dr Patrick Mavingui
Vice-président du conseil d'administration en charge de la recherche et de la valorisation
Programme multidisciplinaire de grande envergure, ReNovRisk (Recherche Intégrée et Innovante sur les Risques Naturels) porte sur le risque cyclonique dans le bassin sud-ouest de l’océan Indien. Initié en 2017, il se prolongera jusqu’en 2022 et mobilise de nombreux partenaires, à La Réunion et dans les pays voisins. Sa finalité ultime : grâce à une meilleure connaissance des phénomènes cycloniques, de leurs conséquences mais aussi de leurs évolutions à long terme en lien avec le changement climatique, guider les politiques d’aménagement du territoire pour réduire le risque.
ReNovRisk fait partie des projets de recherche majeurs actuellement soutenus par les programmes européens FEDER et Interreg V Océan Indien, l’État, la Région Réunion, le BRGM et le CNRS. Un soutien de 6 millions d’euros à la hauteur de l’enjeu : élaborer des stratégies d’adaptation et de résilience à l’aléa cyclonique, à l’heure du changement climatique.
Les cyclones qui frappent chaque année les terres habitées du sud-ouest de l’océan Indien peuvent en effet provoquer des dégâts humains et matériels considérables. En mars 2019, le cyclone tropical intense Idai a par exemple causé la mort de plus de 1 000 personnes au Mozambique et dans les pays voisins.
ReNovRisk se décompose en quatre volets. ReNovRisk Cyclones, lancé dès septembre 2017, a pour vocation d’affiner les connaissances sur les cyclones et les modèles de prévision, mais aussi de simuler les conséquences à long terme du changement climatique sur ces phénomènes extrêmes. Les données produites par ReNovRisk Cyclones alimentent les trois autres composantes du projet. Le volet Erosion s’inscrit dans la continuité des recherches engagées sur les mouvements de terrain de grande envergure constatés dans le cirque de Salazie et sur le risque hydrologique dans la rivière des Pluies.
ReNovRisk Erosion concerne uniquement La Réunion, tout comme ReNovRisk Transferts qui porte sur l’enchaînement des aléas cycloniques (vents, précipitations, crues, érosion, submersion, dégradation littorale) sur le versant ouest de l’île, des hauteurs de la planèze du Maïdo aux récifs coralliens.
Enfin, ReNovRisk Impacts constitue le volet socio-économique du programme. Il s’attache à mesurer les coûts directs et indirects du passage d’un cyclone afin d’évaluer ceux des cyclones futurs, à La Réunion mais aussi dans la région d’Antananarivo, à Madagascar.
« Pour la première fois, un projet amène des spécialistes de disciplines aussi variées que l’hydrogéologie, la physique de l’atmosphère, l’océanographie, la géographie ou l’économie à travailler ensemble, souligne Pierre Tulet, qui a dirigé le Laboratoire de l’Atmosphère et des Cyclones (LACy) jusqu’à fin 2019 et coordonné ReNovRisk jusqu’à la fin 2020. Cette synergie interdisciplinaire, peu commune, a été permise par la transversalité entre les sciences technologiques et humaines de l’université de La Réunion qui facilite les contacts entre enseignants-chercheurs et chercheurs».
Pierre Tulet, qui a quitté l’île fin 2020, a été remplacé par Joël Van Baelen dans les fonctions de directeur du LACy et de coordonnateur de ReNovRisk.
Pour aller plus loin :
http://link.springer.com/article/10.1007/s1106-021-04624-w
Joël Van Baelen, directeur de recherche au CNRS, directeur du laboratoire de l'atmosphère et des cyclones (LACy)
ReNovRisk Cyclones
Le premier volet de ReNovRisk, lancé dès 2017, alimente les trois autres composantes du projet. Ses objectifs : affiner les données sur les cyclones tropicaux dans le sud-ouest de l’océan Indien, améliorer les systèmes de prévision et simuler les effets à long terme du changement climatique.
Nombre de ces données sont issues d’une campagne expérimentale de grande envergure menée à l’aide de ballons météo, de drones aériens et sous-marins, de capteurs fixés sur des oiseaux marins ou des tortues... Les observations se poursuivent jusqu’à fin 2021.
Affiner les modèles de prévision, évaluer les conséquences du changement climatique sur les cyclones, développer la coopération entre les îles et les pays du sud-ouest de l’océan Indien et les actions de formation : tels sont les objectifs de ReNovRisk Cyclones, le premier volet du vaste programme de recherche.
Des partenaires de plusieurs pays (Madagascar, Maurice, Mozambique, Seychelles) y sont associés, aux côtés du Laboratoire de l’Atmosphère et des Cyclones (LACy), constitué par l’Université, le CNRS et Météo France. « Nos recherches ont déjà produit des résultats sur la prévision de l’activité cyclonique à l’horizon 2100, annonce Olivier Bousquet, directeur de recherche à Météo France, directeur adjoint du LACy et coordonnateur de ReNovRisk Cyclones jusqu’à ces dernières semaines. Les saisons cycloniques pourraient démarrer plus tardivement, en décembre plutôt qu’en novembre, les dépressions les moins fortes et les cyclones tropicaux très intenses ne devraient être ni plus, ni moins nombreux qu’aujourd’hui. En revanche, l’intensité des cyclones et des cyclones intenses pourrait augmenter de 4 à 5% et les précipitations de 20 à 30%, ce qui n’est pas anodin ».
Même s’il est fortement perturbé par la crise sanitaire et la fermeture des frontières régionales depuis mars 2020, le programme de formation à l’observation et à la prévision a déjà bénéficié à une quarantaine de prévisionnistes et d’étudiants malgaches, mozambicains et seychellois.
Le développement de nouveaux outils est en cours et permettra des avancées importantes en matière de prévision d’intensité et de trajectoires des cyclones.
Ces travaux exploitent les observations faites lors d’une campagne expérimentale de grande envergure menée en 2018 et 2019. D’importants moyens ont été déployés. Météo France a fourni des drones capables d’emporter 5 kilos d’appareils de mesure. Décollant de Cambaie, ils ont volé dans un rayon de 500 km autour de l’île. Des drones sous-marins du CNRS ont également été sollicités. 800 lâchers de ballons-sondes ont été réalisés à Madagascar, à Mayotte et au Mozambique, des balises émettrices ont été posées sur des tortues, sur des oiseaux marins, des satellites européens ont été mis à contribution lorsque des cyclones se sont formés sur la zone…
Les instruments de mesure de la température de l’eau posés sur les tortues donnent des résultats de grand intérêt lorsque les animaux traversent des zones impactées par des cyclones. Dans ces conditions, en raison de la couverture nuageuse, les moyens spatiaux ne peuvent effectuer cette mesure pourtant fondamentale pour prédire l’évolution des tempêtes tropicales. L’équipement de tortues marines recueillies puis relâchées par le centre Kelonia de Saint-Leu s’est poursuivi en 2020. Il s’étend cette année à l’ensemble du bassin du sud-ouest de l’océan Indien, grâce à l’implication des différentes réserves marines de la zone.
Nos recherches ont déjà produit des résultats sur la prévision de l’activité cyclonique à l’horizon 2100
ReNovRisk Erosion
Le volet Erosion de ReNovRisk s’inscrit dans la continuité de plusieurs projets de recherche qui ont étudié les mouvements de terrain majeurs constatés à La Réunion, notamment dans le cirque de Salazie. Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) poursuit l’acquisition de connaissances sur ces évolutions rapides du relief, accélérées lors des épisodes cycloniques.
ReNovRisk Erosion englobe également l’étude du risque hydrologique dans la rivière des Pluies, menée par l’Université.
Île volcanique jeune, La Réunion est connue à la fois pour les records mondiaux de précipitations enregistrés sur son sol et la force de l’érosion qui modifie rapidement son relief montagneux. Les deux phénomènes sont étroitement liés et menacent directement des zones habitées. En 1980, dix personnes d’une même famille avaient perdu la vie à Grand-Îlet, emportées par un glissement de terrain lors du passage du cyclone Hyacinthe. Le drame avait contribué à la prise de conscience de ce risque, majeur dans le cirque de Salazie. Dans les années 2000, sur la base de premières études, le BRGM a mené deux projets, MV-Terre 1 et 2, permettant de mieux prendre la mesure des glissements de terrain qui affectent Salazie, mais aussi des effondrements de remparts menaçant d’autres zones de l’île. Le volet Erosion de ReNovRisk, également animé par le BRGM, s’inscrit dans cette continuité.
Plusieurs protocoles de suivi sont mis en œuvre dans ce cadre depuis fin 2019. Une centaine de capteurs sismiques ont notamment enregistré la propagation des ondes de tirs d’explosifs souterrains qui renseigne sur la nature et la géométrie des couches du sous-sol traversées. Les glissements de terrain sont également suivis par GPS de haute-précision. « Les données en cours d’acquisition permettront d’anticiper des changements de comportement du glissement, explique Bertrand Aunay, hydrogéologue au BRGM. Nous cherchons notamment à déterminer si des créations instantanées de ravines, telles qu’elles se sont produites pendant le cyclone Hyacinthe, sont susceptibles de se reproduire dans des zones habitées ». Entre autres campagnes de mesures, des "levers Lidar" (détection et estimation de la distance par laser) ont été effectués depuis un hélicoptère pour produire une topographie très précise du sol du cirque de Salazie, sans la végétation qui le masque sur les photos aériennes.
L’année 2021 est essentiellement consacrée à l’interprétation des données collectées, le rendu des études étant prévu mi-2022.
Le projet ReNovRisk offre également l’opportunité de renforcer le programme d’observation des phénomènes gravitaires et érosifs sur le bassin versant de la rivière des Pluies. La zone est étudiée depuis plusieurs années par le Laboratoire Géo Sciences Réunion (LGSR) porté par l’université, le CNRS et l’IPGP et elle est intégrée à un réseau national de bassins versants expérimentaux. « La rivière des Pluies a toujours intéressé les institutions en charge de la gestion des risques, souligne le professeur Jean-Lambert Join, hydrogéologue au sein du LGSR, en raison des enjeux : la protection des quartiers riverains mais aussi de la piste de l’aéroport, au niveau de l’embouchure. Il s’agit d’un très bon sujet d’observation, déjà équipé de divers instruments de mesure et sur lequel nous disposons de données anciennes. Dans la cadre de ReNovRisk, nous allons développer jusqu’en 2022 des mesures plus expérimentales du risque hydrologique ».
Pour la première fois, un projet amène des spécialistes de disciplines aussi variées que l’hydrogéologie, la physique de l’atmosphère, l’océanographie, la géographie ou l’économie à travailler ensemble
ReNovRisk Impacts
ReNovRisk Impacts constitue le volet socio-économique de l’analyse du risque cyclonique. Il s’attache à mesurer les coûts directs et indirects du passage d’un cyclone afin d’évaluer ceux des cyclones futurs. Sur cette base, des scénarios d’aménagement du territoire permettant de réduire ces impacts pourront ensuite être élaborés.
Le champ des recherches en cours englobe La Réunion et la région d’Antananarivo (Madagascar).
La première action de ReNovRisk Impacts a consisté à dresser un état des lieux de la vulnérabilité du territoire aux cyclones. « Nous avons travaillé sur l’occupation des sols, les types d’habitat et de culture, explique Sabine Garabedian, maître de conférence en économie de l’environnement et coordinatrice du projet. Cette action est terminée pour ce qui concerne le territoire de La Réunion : nous avons identifié les zones les plus exposées, en menant des analyses plus fines sur certains secteurs sensibles ».
Le projet couvre également la région d’Antananarivo, la capitale malgache. Même si cette partie de la Grande Île est moins sévèrement touchée par les cyclones que certaines régions côtières, elle a été choisie pour abriter les compétences nécessaires à l’élaboration d’une méthode expérimentale qui pourra être ensuite appliquée ailleurs dans le pays. Un stagiaire de l’université Catholique de Madagascar s’attache actuellement à collecter les données disponibles, avec l’aide du Bureau national de gestion des risques et des catastrophes.
La deuxième action du projet, en cours, s’attache à évaluer les dommages directs des cyclones passés, un travail qui n’avait jamais été entrepris jusqu’alors. Des données optiques et radars ont été produites par l’unité mixte de recherche Espace pour le Développement de l’université de La Réunion et de l’IRD, notamment sur la base d’images fournies par l’Agence spatiale européenne et ses satellites Sentinel. Elles ont été croisées avec les déclarations de sinistres auprès de la Caisse de Réassurance, pour La Réunion : un lien peut ainsi être établi entre les intensités de vent et de pluie et des montants dépensés pour réhabiliter les habitations, les infrastructures et les cultures dégradées. À Madagascar, une thèse est en cours de réalisation sur le sujet, avec l’Institut et observatoire géophysique d’Antananarivo. Deuxième objectif : comparer les coûts des dommages des cyclones actuels avec ceux des futurs cyclones, dont on sait qu’ils seront plus intenses avec le changement climatique.
La troisième action de ReNovRisk Impacts, qui doit débuter en septembre 2021, visera à évaluer les coûts indirects des cyclones et les efforts économiques qui doivent être consentis pour absorber ces chocs. « L’objectif est de développer, avec le Cemoi (Centre d'Economie et de Management de l'Océan Indien, université de La Réunion), un modèle d’équilibre général calculable qui permettra de mieux comprendre comment l’impact d’un cyclone se propage dans l’économie », précise Sabine Garabedian, avec ses effets négatifs, mais aussi positifs, les travaux de reconstruction générant de l’activité, donc de l’emploi et des revenus ».
Le volet Impacts de ReNovRisk a livré un premier résultat inattendu. À l’initiative d’Idriss Fontaine, ingénieur de recherche en charge du projet, les chercheurs ont établi une corrélation entre le passage d’un cyclone sur Madagascar et la fertilité des femmes dans les régions concernées. L’étude a pris pour base une vaste enquête de santé publique menée dans la Grande Île de 1985 à 2009. Les données géolocalisées sur les naissances ont été superposées à celles des vitesses de vent. Constat statistique : une exposition à des vents cycloniques (plus de 100 km/h) induit une baisse de 25 points de la probabilité d’avoir des enfants dans l’année. Le phénomène fait encore sentir ses effets les deux années suivantes (-5,9 points puis -2 points).
Hypothèse : les couples reportent leur projet de conception d’un enfant après avoir subi le choc d’un cyclone, en raison des pertes de revenus et de moyens de subsistance qu’il implique.
ReNovRisk Transferts
Le volet Transferts de ReNovRisk étudie les risques naturels liés au passage d’un cyclone sur La Réunion, plus particulièrement sur son versant ouest (planèze du Maïdo) et sur le littoral entre Saint-Paul et Saint-Leu. Spécialistes de l’atmosphère, hydrologues et océanographes s’attachent à mesurer plus précisément les précipitations et les vents cycloniques, à comprendre les effets locaux du relief et à étudier les impacts des cyclones sur la barrière corallienne qui borde cette partie des côtes réunionnaises.
Un cyclone produit des effets immédiats par les vents violents et les masses de précipitations qui s’abattent sur les terres, par des crues subites et des inondations mais aussi par des phénomènes de submersion de la côte et de casse du corail liés à la houle et à l’élévation du niveau de l’océan. Les crues transportent également jusqu’à la mer des matières en suspension susceptibles de modifier le trait de côte et d’altérer la vitalité de la barrière récifale. Ces « transferts » des aléas cycloniques entre les milieux naturels (l’atmosphère, l’hydrosphère, le trait de côte, le lagon, la barrière récifale et l’océan ouvert) sont étudiés dans le cadre du volet éponyme de ReNovRisk. « Nous avons choisi de concentrer nos recherches sur le versant ouest de La Réunion, plus particulièrement sur la planèze du Maïdo et la côte de Saint-Paul à Saint-Leu, pour nous appuyer sur les moyens d’observation existants : l’observatoire de physique l’atmosphère du Maïdo, les stations hydrologiques dans les ravines Bernica et Saint-Gilles et les stations de mesure côtières », explique Jean-Pierre Cammas, directeur de recherche au CNRS et directeur de l’Observatoire des Sciences de l’Univers de La Réunion (OSU-R), coordinateur de ReNovRisk Transferts.
Le projet se décompose en quatre grandes actions. La première, qui concerne l’étude de la pluie et du vent, est la plus avancée. « Notre objectif était d’affiner les données disponibles, détaille Hélène Vérèmes, docteure en physique de l’atmosphère, qui a consacré son post-doctorat au sujet. Pour la pluie, nous avons fusionné des données radar corrigées par des relevés pluviométriques de Météo France. La résolution temporelle a ainsi pu être descendue d’une heure à 15 minutes. Pour le vent, les données du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF) avaient une grille de résolution de 9 km2. Nous les avons corrigées avec d’autres mesures et notre modèle numérique a pu produire un champ de vents avec 500 m de précision sur la totalité du territoire de La Réunion, prenant en compte les effets locaux très importants du relief ».
Deux autres actions de RenovRisk Transferts portent sur les aléas hydrologiques (crues et infiltrations) et sur les aléas littoraux. Rémi Belon, océanographe au Bureau de recherches géologiques et minières de La Réunion, a notamment démarré fin 2020 une étude sur les transferts de sédiments sortant de la rivière des Galets vers le littoral de la baie de Saint-Paul. Des campagnes de mesures bathymétriques et photogrammétriques, par drone, sont prévues avant et après le passage des cyclones et des trains de houle australe, jusqu’à fin 2022.
La dernière action du projet Transferts consistera à diffuser en open data l’ensemble des résultats obtenus.
ReNovRisk Erosion et Transferts sont financés dans le cadre du programme opérationnel FEDER 2014-2020 par l'Union européenne, la Région Réunion et l'Etat.
Renovrisk Impact et Cyclones sont financés dans le cadre du programme opérationnel INTERREG V 2014-2020 par l'Union européenne, la Région Réunion et l'Etat.
L'université de La Réunion affirme ses ambitions
L’université s’implique activement dans l’actualisation de la Stratégie de spécialisation intelligente de La Réunion, le document qui servira de référence aux programmes structurels européens 2021-2027. La contribution de l’université cible plus particulièrement les domaines de la recherche et de l’innovation, dans lesquels La Réunion obtiendra une visibilité internationale si elle parvient à s’intégrer aux grands projets communautaires.
Chaque région européenne est désormais tenue d’écrire une « stratégie de spécialisation intelligente » (Smart Spécialisation Strategy, dite S3) en phase avec le cadre stratégique commun des politiques de cohésion communautaires. Objectif : construire un projet de territoire, correspondant à une vision partagée du futur. Dans la première S3, élaborée en 2014, La Réunion avait ainsi identifié ses avantages compétitifs spécifiques et proposé des actions pour les exploiter : développer une bio-économie tropicale, un tourisme différenciant, une économie de la connaissance en phase avec les principes du développement durable.
Les fiches-actions du programme FEDER (Fonds européen de développement régional) 2014-2020 ont été élaborées sur cette base. Avant la mise en œuvre de la nouvelle programmation européenne (2021-2027), les régions doivent actualiser leur S3. À La Réunion, l’exercice est piloté par Nexa, l’agence régionale de développement, d’investissement et d’innovation, avec la participation de nombreux partenaires.
L’université de La Réunion s’implique plus particulièrement dans l’actualisation des volets recherche et innovation de la stratégie de spécialisation intelligente. « La philosophie ne change pas, explique Patrick Mavingui, vice-président du conseil d'administration en charge de la recherche et de la valorisation. Des bases ont été posées par la première S3, il s’agit de les transformer en actions, en intégrant les nouvelles donnes mondiales, notamment les problématiques de santé face aux changements globaux, aux progrès scientifiques et aux évolutions de la société ».
Au cours de la programmation européenne 2014-2020, avec ses partenaires institutionnels (CHU, Cirad, CNRS, Inserm, IRD…), l’université a développé ses plates-formes technologiques dans les domaines de la biosanté (CYROI, PLATIN-OI), de l'agronomie (pôle 3P) et de l'observation de la biodiversité, des écosystèmes et du changement climatique (observatoires de l'OSU-Réunion). Une réelle montée en compétences s’est opérée. L’université est passée de la 11e à la 4e place parmi les universités moyennes de France grâce notamment à sa production scientifique, incluant les dépôts de brevets, et à la formation de jeunes talents. Après l’épidémie de chikungunya de 2006, La Réunion a pris conscience de son exposition aux risques infectieux mais aussi aux maladies liées aux modes de vie (diabète, obésité…). L'augmentation des moyens de recherche a notamment permis de travailler efficacement sur les émergences épidémiques de la dengue et du SARS-CoV-2 dans les laboratoires de confinement à haut niveau de sécurité.
« Sur l’axe de la santé comme sur tous les autres identifiés comme prioritaires, La Réunion doit maintenant transformer l’essai, résume Patrick Mavingui. Nous devons entrer dans une phase active de notre spécialisation afin qu’elle génère de l’activité et de l’emploi. L’université doit être un acteur important de cette dynamique ».
Au cours des dernières années, l’université de La Réunion a dynamisé ses relations internationales en tissant des liens avec de nombreux pays tiers, notamment dans la zone avec le soutien du programme européen Interreg V Océan Indien. La nouvelle S3 confirmera cette logique d’internationalisation des projets.
Un autre grand objectif de la stratégie réunionnaise 2021-2027 sera d’orienter les acteurs vers le programme Horizon Europe, également en cours d’écriture. Jusqu’à présent, l’île s'est logiquement beaucoup appuyée sur les fonds structurels, à commencer par le FEDER, pour financer ses projets. À l’avenir, ces fonds sont appelés à diminuer. L’université et ses partenaires obtiendront une meilleure visibilité internationale et d’importantes ressources propres s’ils parviennent à mieux s’insérer dans les grands projets communautaires de la recherche et de l’innovation.
Nous devons entrer dans une phase active de notre spécialisation afin qu’elle génère de l’activité et de l’emploi.
D'Horizon 2020 à Horizon Europe
Depuis 2014, le programme Horizon 2020 (H2020) regroupe les financements de l’Union européenne en matière de recherche et d’innovation. Horizon Europe s’inscrit dans son prolongement pour la période 2021-2027. Il vise à renforcer les secteurs de la science et de la technologie pour permettre à l’Union européenne de relever les grands défis mondiaux dans les domaines de la santé, du vieillissement, de la sécurité, de la pollution, du changement climatique… Le programme est doté d’un budget d’environ 95 milliards d’euros. Comme pour H2020, les financements d’Horizon Europe seront attribués par le biais d’appels à propositions ouverts et concurrentiels.
Pour en savoir plus : www.horizon-europe.gouv.fr
10 axes prioritaires
Dans les domaines de la recherche et de l'innovation, l'université a listé 10 grands axes prioritaires en cours de finalisation :
Une équipe du laboratoire ENTROPIE menée par Henrich Bruggemann, en collaboration avec le Muséum national d’histoire naturelle, étudie le cryptobiome (les êtres vivants « cachés ») des récifs. Pour cela l’équipe inventorie les animaux et les plantes dans des petits récifs artificiels immergés depuis deux ans.
Ces structures autonomes de surveillance des récifs ou Arms (Autonomous Reef Monitoring Structures) sont conçues de façon normalisée dans le but de pouvoir comparer différentes études.
Pour étudier ce cryptobiome, l’équipe d’ENTROPIE utilise une méthode innovante : le metabarcoding.
A 7h sur le port de Saint-Gilles encore calme, une équipe de l’université de La Réunion s’active dans la discrète station marine. La salle blanche est en effervescence, les discussions pour organiser la journée et le bruit de la préparation du matériel couvrent celui de la machine à café.
Une partie de l’équipe embarque pour aller récupérer des Arms tandis que l’autre partie reste au laboratoire pour préparer l’accueil des récifs artificiels.
Arrivés au large de La Saline-les-Bains, les plongeurs récupèrent un Arms fixé au récif dans la zone de protection intégrale de la réserve marine. Pendant que les trois plongeurs emmenés par Henrich Bruggemann décrochent l’Arms et l'enferment dans une boîte en plastique afin qu’aucun animal ne s’en échappe, deux scientifiques prélèvent et filtrent de l'eau de mer. Celle-ci sera versée dans le contenant de transport de l’Arms et dans les bacs qui accueilleront les animaux au laboratoire.« Il est important de prendre de l’eau à proximité de l’Arms pour ne pas risquer une éventuelle contamination et pour que la composition de l’eau soit la même dans la mer qu’au laboratoire » précise Marion Couëdel, doctorante en biologie marine.
De retour à la station marine après une vingtaine de minutes agitées par les vagues, le matériel est débarqué et la boite de transport opaque dévoile enfin l’Arms. Il s’agit d’un empilement horizontal de plaques carrés, grises à l’origine mais entièrement colorées par les organismes qui s’y fixent et les colonisent. A l’intérieur du bac, dans l’eau troublée par les sédiments remis en suspension par le voyage, quelques poissons nagent. On aperçoit même des crevettes sur la plaque supérieure. Tout le monde se met au travail : pendant qu’une partie de l’équipe se prépare pour récupérer un deuxième Arms en mer, les autres s'affairent à démonter le récif artificiel et commencent à trier les animaux par familles.
L’Arms est démonté, chaque plaque est plongée dans de l'eau de mer en respectant l’orientation qu’elle avait au large (ceci afin de voir si cette orientation joue un rôle dans le peuplement du récif). Les animaux de plus de deux millimètres sont prélevés et triés par familles pour être inventoriés par la méthode du barcoding (voir encadré).
Il est 13 heures, personne n’a encore pris de pause, le travail de prélèvement est fastidieux, le reste de l’équipe revient avec un deuxième Arms à démonter. Le laboratoire est maintenant en ébullition, chacun sait ce qu’il doit faire : certains trient les animaux, d'autres les identifient pour les inventorier dans une base de données, d'autres lavent le matériel utilisé.
Les plaques sont photographiées pour analyser le recouvrement et identifier des organismes fixés comme les éponges. Cette faune immobile est ensuite grattée, broyée puis filtrée avant un inventaire par metabarcoding.
Après le travail de terrain, le plus long est à venir. De l’ADN de chaque animal sera prélevé puis amplifié (copie en très grand nombre) dans les laboratoires d’ENTROPIE avant d’être envoyé à Paris pour séquençage (lecture et analyse de l’ADN). Ce sont des taxonomistes qui se chargeront de l'identification des êtres vivants.
Les séquences ADN reçues de Paris seront analysées grâce à des logiciels informatiques spécialisés dans l’analyse du vivant par Marion Couëdel, afin de dévoiler la diversité des récifs.
« Même si on est pratiquement sûr de découvrir de nouvelles espèces, le but est de faire un inventaire du cryptobiome des récifs réunionnais, grâce au barcoding » indique la chercheuse.
Mais ce n’est pas la seule application : « Un autre objectif est de comprendre le rôle du cryptobiome, comment il se met en place, qu'est ce qui l’influence, dans quelles conditions il est en bonne santé, quels sont les impacts de la pollution... Si le temps de ma thèse le permet, j’aimerais aussi donner des outils et indicateurs aux réserves marines et aux bureaux d’étude de protocoles pour déterminer la santé d’un milieu. J’explore encore les multiples implications de ce travail de collecte avant de décider du projet définitif que je mènerais pendant mon doctorat ».
Contact :
Henrich Bruggemann, professeur
Marion Couëdel, doctorante
laboratoire écologie marine tropicale des océans Pacifique et Indien ENTROPIE
Suivons le chercheur Sébastien Albert sur les coulées du Piton de la Fournaise, à la recherche de l'ancienne forêt tropicale humide. Sébastien a soutenu sa thèse en biologie des populations en décembre 2020. Son objectif est de comprendre les conséquences de la disparition de la faune originale de l'île, notamment les frugivores, sur les déplacements de certains végétaux endémiques.
Contact :
Sébastien Albert, post-doctorat
Laboratoire peuplements végétaux et bioagresseurs en milieu tropical PVBMT
Coraux et coulées de lave
Une équipe du laboratoire ENTROPIE étudie un phénomène rare : comment les coulées de lave réunionnaises sont colonisées par les coraux ? Les chercheurs comparent les récifs de l’ouest de l’île, vieux de plusieurs milliers d’années avec les récifs jeunes des coulées volcaniques de l’est.
Les éruptions volcaniques sont fréquentes à La Réunion et la lave du Piton de la Fournaise, un des volcans les plus actifs du monde, atteint parfois l’océan. Ces coulées sous-marines destructrices ravagent les coraux et leurs habitants, tués par l’augmentation de la température de l’eau dans un premier temps mais deviennent ensuite un support de vie.
Le but de ces travaux est de comprendre comment les coraux colonisent et ont colonisé les contours de La Réunion pour former les récifs que nous connaissons dans l’ouest et le sud de l’île.
Pour cette étude, Florian Jouval, encadré par Lucie Penin et Medhi Adjeroud a observé en plongée des coraux sur des coulées de lave d’âge différents pour les comparer aux coraux des récifs de l’ouest, plus anciens, de manière à établir une chronologie de la naissance d’un récif. De plus, des carreaux de céramique ont été placés sur les coulées de lave et dans les récifs de l’ouest pour analyser et comparer l’installation de très jeunes coraux (moins de six mois), encore invisibles à l’œil nu.
Les premiers résultats ont montré que les coraux de l’est grandissent aussi vite et de manière aussi dense que ceux des récifs de l’ouest. Cependant, l’équipe de l’université de La Réunion a remarqué que des espèces de coraux manquaient à l’appel sur les coulées de lave, peut-être les plus sensibles aux vagues, plus intenses de ce côté de l’île.
Les études de la colonisation des coulées de lave sous-marines se poursuivent pour les scientifiques de l’université qui ont le privilège d’étudier un phénomène rarement observé dans le monde : la naissance d’un récif.
Références :
Jouval, F., Bigot, L., Bureau, S. et al. Diversity, structure and demography of coral assemblages on underwater lava flows of different ages at Reunion Island and implications for ecological succession hypotheses. Sci Rep10, 20821 (2020). https://doi.org/10.1038/s41598-020-77665-z
Laboratoire écologie marine tropicale des océans Pacifique et Indien ENTROPIE
Decouverte d'une nouvelle espèce d'orchidée
En septembre 2020, deux botanistes, Cláudia Baider, conservatrice de l’Herbier National de Maurice , et le Professeur Thierry Pailler conservateur de l’Herbier de l’université de La Réunion, ont publié la découverte d’une nouvelle espèce d’orchidée endémique de La Réunion et de Maurice : Bulbophyllum Mascarense, dans la revue Botany Letters.
Sa découverte a été faite par les deux botanistes qui ont étudié les spécimens des herbiers d’orchidées de La Réunion et de Maurice, notamment les ajouts de spécimens du genre Bulbophyllum. Des comparaisons morphologiques approfondies ont dévoilé que plusieurs spécimens identiques du genre Bulbophyllum ne correspondaient pas aux espèces déjà connues. Une description détaillée de ce nouveau groupe a donné naissance à cette nouvelle espèce d'orchidées.
En fonction des points géographiques de prélèvement des spécimens de la nouvelle espèce, les botanistes ont pu calculer son aire de répartition et évaluer son statut de conservation : « Décrire de nouveaux taxons (groupes d'organismes possedant un certain nombre de caracteres communs) et résoudre des erreurs taxonomiques est important pour améliorer les actions de conservation pour les espèces des Mascareignes. »
Sur l'île de La Réunion, Bulbophyllum Mascarense a été observé dans l’est, à Saint-Benoît, Saint-Philippe au Tremblet et à la Plaine de Palmistes entre 400 et 1200 mètres d’altitude. Beaucoup de jeunes plantes ont été observées, ce qui est encourageant pour sa reproduction malgré le peu de fruits qu’elles portaient.
Bulbophyllum Mascarense pousse généralement sur les troncs et les branches des arbres, à l’ombre, et mesure entre 20 et 40 mm de haut en formant des petites colonies.
Références :
Thierry Pailler & Cláudia Baider (2020): Bulbophyllum mascarenense Pailler and Baider sp nov.: a new endemic orchid species from the Mascarenes, Botany Letters, DOI: 10.1080/23818107.2020.1817145
Contact :
Thierry Pailler, professeur
laboratoire peuplements végétaux et bioagresseurs en milieu tropical PVBMT
Des échanges autour de la méthode pour nourrir la recherche en droit
La thèse est un temps long de perpétuelles interrogations sur la méthode. Face à cette errance, l’idée a germé dans l’esprit de Clotilde Aubry de Maromont, Maître de conférences en droit privé et d’Agnès Vidot, Doctorante en droit public, à l’Université de La Réunion, de se saisir de ces interrogations pour les mettre en questions .
La littérature spécialisée, relativement pauvre, laisse les doctorants isolés face à leurs échéances. Clotilde Aubry de Maromont soulève que : « les étudiants en droit ne sont pas formés à la recherche lorsqu’ils se lancent en thèse. En licence ou en master, les savoirs transmis sont plus volontiers orientés vers la formation pratique ».
La réflexion s’est étalée durant une année au cours de laquelle, des regards croisés sur les questions de méthode ont permis à plusieurs générations de chercheurs de faire mûrir le projet. Le fruit de ces réflexions a été présenté à l’occasion de deux journées d’étude.
Lors des journées, les doctorants ont exposé leurs problèmes de méthode et en ont débattu en binôme avec un enseignant chercheur titulaire. Une grande réflexion collective s’est ensuite poursuivie avec tous les participants. « C’est dans ce format de binômes doctorants/titulaires et du temps long de la réflexion que réside l’originalité de la démarche » précise Clotilde Aubry de Maromont.
Pour Agnès Vidot, le bilan de ces deux journées est très positif « Ces journées ont été l’occasion pour chaque doctorant de faire un pas de côté et interroger sa méthode – ce que nous faisons encore trop rarement en droit et qui est pourtant essentiel, notamment dans le cadre d’une recherche doctorale ».
Les enseignants-chercheurs venus de métropole ont aussi été séduits par ces journées qui seront sûrement reconduites dans d’autres universités dans le but d’aider les jeunes chercheurs en droit dans la rédaction de leur thèse.
Contact :
Clotilde Aubry de Maromont, maître de conférences en droit privé
Centre de recherche juridique (CRJ)
Les plantes médicinales stimulent la recherche et l’économie
Après un long combat des ultramarins, la loi pour le développement économique des Outre-mer (LODEOM) a officialisé, le 27 mai 2009, la reconnaissance des plantes médicinales des Outre-mer en permettant leur inscription à la Pharmacopée française (Recueil à caractère réglementaire des matières premières autorisées à entrer dans la composition des médicaments).
Entre 2012 et 2019, le laboratoire ChemBioPro (ex LCSNSA) et l’Association pour les Plantes Aromatiques et Médicinales de La Réunion (Aplamedom) ont réuni leurs efforts pour faire inscrire 27 plantes de La Réunion à la Pharmacopée française. Elles ont été agréées suite à la soumission de leurs monographies bibliographiques aux membres du Comité Français de la Pharmacopée (CFP) « Plantes médicinales et huiles essentielles » de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM).
Cette reconnaissance officielle des savoir-faire traditionnels et patrimoniaux en matière de plantes médicinales à La Réunion a, non seulement, assuré une meilleure connaissance des plantes médicinales utilisées, mais également, de plus larges possibilités de valorisation économique pour les producteurs et les transformateurs de ces plantes.
L’inscription des plantes médicinales réunionnaises à la Pharmacopée française suscite une émulation dans le milieu de la recherche et dans celui de l’entrepreneuriat. Une dizaine de projets de recherches a vu le jour avec pour objectif l’exploitation de ces plantes à des fins thérapeutiques (traitements anti-viraux, anti-inflammatoires…) ou cosmétiques. Ces projets sont portés aussi bien par des équipes de chercheurs de l’université de La Réunion, en partenariat avec des laboratoires locaux, nationaux et internationaux, que par des start-up locales qui font souvent appel aux compétences du laboratoire ChemBioPro.
Contact :
Anne Bialecki, professeure et directrice
laboratoire ChemBioPro, chimie et biotechnologie des produits naturels
Des chercheurs du monde entier dans votre salon...
L’expérimentarium est un réseau francophone proposant des rencontres entre chercheurs et publics, que l'université de La Réunion a rejoint en 2019. Le festival des Expérimentarium aura exceptionnellement lieu en ligne et regroupera des chercheurs de France continentale, mais aussi de Guyane, du Québec et de La Réunion. Accessible à tous sur inscription, il vous permettra de découvrir la recherche d'ici et d'ailleurs.
Rendez-vous le 4 juin à 20 heures (Réunion).
Inscriptions en mai :
Service de la médiation scientifique
Voyages
C'est le thème de l'édition 2021 de la Nuit européenne des chercheur•e•s. A cette occasion, des chercheur•e•s vous inviteront pour des périples spatiaux, temporels, culturels, initiatiques ou imaginaires.
Rendez-vous le 24 septembre.
En savoir plus :
Service de la médiation scientifique
L'africanisme hispano-américain en questions
Le laboratoire DIRE et le département d'études hispaniques organisent les journées d'études intitulées : « Échanges, représentations et résistances dans le monde afro-hispano-américain », les 1er, 2 et 3 juin 2021 via Zoom.
Parmi les questions qui inspirent ces journées d'études, nous pouvons citer : quels sont les déplacements et les emprunts culturels entre les deux continents ? Quelles sont les représentations artistiques et littéraires qui révèlent une présence africaine en Amérique hispanique, ses métissages, ses syncrétismes et ses transformations ?
L'île de La Réunion a, comme l'Amérique hispanique, non seulement un héritage, mais aussi une présence vivante de manifestations et de représentations africaines. Ces journées d'étude ambitionnent de créer un réseau entre différents spécialistes et jeunes chercheurs qui contribuent au développement d'une perspective comparative, car les zones géographiques concernées sont très vastes.
Contact :
Mónica Cárdenas Moreno, maîtresse de conférences en littérature hispano-américaine et Andrea Leiva Espitia, ATER département d'études hispaniques
Laboratoire déplacements identités regards écritures (DIRE)
Planification territoriale orientée vers les services écosystémiques
Dans le cadre du projet européen MOVE (www.moveproject.eu), l’université de La Réunion vous invite à participer à un atelier d’initiation à la « planification territoriale orientée vers les services écosystémiques », avec l’outil SeaSketch, le jeudi 15 avril 2021, à 14h (durée 2 h), en webconférence Zoom.
Cet atelier est une opportunité pour évaluer les avantages et les limites d’une gestion des territoires orientée vers les services écosystémiques, concept qui fait l’objet de débats et de controverses. Dans le cadre de la démarche expérimentale du projet MOVE, cet outil est testé en parallèle aux Açores (Portugal).
Contact :
Erwann Lagabrielle, maître de conférences en géographie
laboratoire observation spatiale, modèles et sciences impliquées (Espace Dév)
Une première dans l'histoire du concours Ma Thèse en 180 secondes à La Réunion, le jeudi 4 mars, la finale régionale a eu lieu uniquement en ligne. Sur les réseaux sociaux et YouTube, plus de 3 000 personnes ont assisté aux prestations chronométrées des neuf doctorants finalistes.
Sur le plateau de tournage, les deux jurys étaient présents ainsi que Benoît Dubin, le coach, qui a accompagné les candidats dans leur préparation. Le jury professionnel était présidé par Eric Jeuffrault (directeur du CIRAD), entouré de Sabrina Superviele (rédactrice en chef à Antenne Réunion), Marc Bermudes (directeur de Green Mascareignes Technologies), Catherine Bonté (directrice du théâtre Canter) et Didier Ferlin (coordonnateur culture scientifique et technologique, Rectorat).
Le jury étudiant comptait six étudiants de l'université de La Réunion qui suivent le diplôme universitaire "Sciences +".
Sur scène et à l'écran, Romain Capdepont a animé une soirée riche en informations scientifiques, expliquées avec simplicité et parfois humour par les neuf doctorants qui se sont succédés pour 180 secondes chacun :
Après délibération, le premier prix du jury et le prix Ploceus du jury étudiant, ont été remportés par Merlène Saunier qui étudie la démographie des oiseaux marins de l'ouest de l'océan Indien. Le second prix du jury a été attribué à Benoit Jobart pour ses travaux sur la résistance des abeilles réunionnaises face au parasite Varroa destructor. Enfin, les internautes inscrits sur la plateforme de vote en ligne ont récompensé Miangaly Rasamoelina par le prix du public.
Nous remercions tous les candidats pour cette belle édition 2021 qui s'est tenue dans des conditions inédites, ils ont relevé le défi avec brio !
Le concours Ma thèse en 180 seconde est organisé en France par le CNRS et la CPU
Contact :
Service de la médiation scientifique
Merlène Saunier
Premier prix du jury et prix Ploceus
Benoit Jobart
2e prix du jury
Miangaly Rasamoelina
Prix du public
Retransmission intégrale de la finale
Pablo Corral Broto
Pablo Corral Broto est maître de conférences en histoire moderne des civilisations espagnoles au laboratoire DIRE (Déplacements identités regards ecriture). Depuis son arrivée à La Réunion, il s’est spécialisé en histoire de l'environnement. Depuis son arrivée à La Réunion, il s'est spécialisé en histoire de l'environnement. Son projet est de comprendre l'histoire de l'environnement et de l'énergie sur l'île pour essayer d'en imaginer le futur.
Contact :
Pablo Corral Broto
laboratoire DIRE
Nicolas Villeneuve
Nicolas Villeneuve vient de soutenir son HDR (Habilitation à diriger des recherches) dans laquelle il présente la perception du Piton de la Fournaise dans la culture populaire.
Passionné par le volcan, Nicolas Villeneuve est maître de conférences en géographie au sein du Laboratoire GéoSiences Réunion (LGSR).
Contact :
Nicolas Villeneuve
laboratoire GéoSciences Réunion
le projet a donc l’ambition aussi de montrer qu’il a existé, et peut encore exister, indépendamment des frontières nationales, une unité européenne au niveau intellectuel et littéraire
Maître de conférences en littérature française depuis 2017, c’est avec beaucoup de plaisir et un soupçon de nostalgie pour mon île d’adoption que je prends la plume à près de 10 000 km de distance, dans ces temps incertains. Je me trouve, en effet, depuis septembre 2020 à Oxford au Royaume-Uni en délégation CNRS pour une période de recherche, une sorte de mission temporaire de détachement pour conduire un projet avec des collègues britanniques. Ce n’est pas le premier voyage auquel m’invite mon parcours de chercheur : d’une certaine façon, il a toujours été caractérisé par la circulation et l’interaction, à trois niveaux, géographique, professionnel et de recherche justement. Au niveau géographique, car j’ai grandi en Italie, pays dans lequel j’ai effectué la totalité de ma scolarité, intégré l’École Normale Supérieure de Pise à 19 ans et publié mes premiers articles. J’ai ensuite fait le choix de la France pour compléter ma formation avec un master à Sciences Po Paris et un doctorat à la Sorbonne (Paris IV). Au niveau professionnel, car en parallèle de ma vocation universitaire, j’ai pendant plusieurs années exercé une autre profession dans le conseil en organisation et la formation managériale dans un cabinet parisien. Enfin cette notion de circulation se retrouve au sein même de mes champs de recherche, car j’ai débuté par un intérêt pour le théâtre antique et en particulier la tragédie grecque, et je suis arrivé par ce biais à Jean Racine et donc à la littérature française des XVIe et XVIIe siècles.
Tout en façonnant un parcours atypique, cette circulation m’a beaucoup enrichi, elle m’a surtout permis de choisir, de choisir la France, de choisir la recherche et de choisir la littérature française. Le choix de revenir au monde universitaire, après une parenthèse professionnelle de plusieurs années, a été dicté, avant tout, par l’amour des textes, par le désir de les approfondir, de les interpréter et de partager mes explorations avec les étudiants, bref d’en faire ma vocation. Que peut nous apprendre une tragédie d’Euripide après 2500 ans ? Une pièce de Racine ou de Corneille après quatre siècles ? Peut-être rien, peut-être tout, cela dépend du lecteur plus que de l’auteur, j’en demeure convaincu. Si la page paraît muette, elle conserve pourtant un potentiel inépuisable : à nous de lui restituer la parole, de l’écouter, d’en retrouver le sens caché et sans doute aussi une part de notre vécu.
Depuis le début de mes études universitaires, les pages de littérature qui m’ont le plus fasciné et qui m’ont poussé avec le temps à y consacrer ma vie sont celles des grandes tragédies, grecques d’abord et françaises ensuite. Le projet que je conduis actuellement à Oxford m’a permis de concilier les deux, avec pour titre « Le retour de la tragédie grecque au XVIe siècle : une aventure européenne ». Le principal défi est de reconstruire les raisons et les modalités selon lesquelles les auteurs de la Renaissance sont parvenus, après des siècles de long silence et d’absence, à se réapproprier un genre littéraire antique que le Moyen-âge avait oublié. C’est donc l’histoire de manuscrits dispersés dans les bibliothèques italiennes, françaises, britanniques, progressivement redécouverts, traduits, compris, parfois trahis. C’est aussi l’histoire d’hommes et de femmes qui s’y intéressèrent pour la première fois avec des yeux étrangers, souvent anachroniques, qui en bouleversèrent le sens afin de les rendre plus cohérent avec leur propre religion et leur culture. Une première étape du projet a consisté à arpenter les bibliothèques européennes, malgré les contraintes sanitaires, à la recherche justement de ces manuscrits, de sorte à constituer un corpus de plus de cinquante tragédies, souvent inédites. L’objectif est maintenant, d’une part de les mettre à disposition à travers la création d’une base de données digitale pour en faciliter l’étude, d’autre part d’encourager, par des événements (séminaires, conférences, etc.), la création d’un réseau composé de chercheurs européens intéressés par la réception de la tragédie grecque.
Dans cette période particulièrement délicate pour la construction européenne, surtout vue depuis l’autre côté de la Manche, le projet a donc l’ambition aussi de montrer qu’il a existé, et peut encore exister, indépendamment des frontières nationales, une unité européenne au niveau intellectuel et littéraire : les traducteurs du XVIe siècle, les humanistes qui redécouvraient la tragédie antique – qu’ils soient français, anglais, néerlandais, italiens, espagnols – s’écrivaient des lettres, se connaissaient, s’imitaient, bref ils se sentaient tous membres d’un même pays, sans connaître de barrières linguistiques, religieuses ou politiques. Ce fut possible alors, pourquoi ne le serait-il plus aujourd’hui ?
Tristan Alonge,
maître de conférences en littérature française
laboratoire DIRE
Directeur de la publication : Frédéric Miranville, président de l'université de La Réunion
Comité de rédaction :
Contenus :
Contact :mediation-scientifique@remove-this.univ-reunion.remove-this.fr
Remerciements
Patrick Mavingui, Pierre Tulet, Joël Van Baelen, Olivier Bousquet, Bertrand Aunay, Jean-Lambert Join, Sabine Garabedian, Idriss Fontaine, Jean-Pierre Cammas, Hélène Vérèmes, Henrich Bruggemann, Marion Couëdel, Sébastien Albert, Lucie Pénin, Clotilde Aubry de Maromont, Agnès Vidot, Thierry Pailler, Anne Bialecki, Jacqueline Smadja, Monica Cárdenas Moreno, Erwann Lagabrielle, Pablo Corral Broto, Nicolas Villeneuve, Tristan Alonge
Crédits photographiques :