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Island Biology : retour sur l'évènement scientifique de l'année
TASCMAR, des molécules dans l'océan
Platin OI
Cher(e)s lecteurs et lectrices connecté(e)s,
Le lancement du Webmagazine de la Recherche constitue un moment fort dans l’histoire de l’Université de La Réunion.
C’est d’abord une preuve supplémentaire de l’entrée volontariste de notre établissement dans l’ère numérique. Ne cherchez pas la version papier, elle n’existe pas et c’est mieux pour notre environnement ! Par contre, notre/votre Webmagazine de la Recherche est consultable sur tout type d’écran : smartphone, tablette, ordinateur, smart TV ! De plus, son format numérique permet la profusion d’images et de vidéos qui accompagnent des informations de fonds, des interviews, des reportages et des portraits de chercheurs…
C’est ensuite une initiative qui rejoint l’ambition de notre établissement : parler de la recherche mais en insistant sur l'Humain.Il s’agit en effet de faire connaître nos « pépites », de parler de -ou plutôt de faire parler- des collègues passionnés par leur métier avec des mots simples. Il s’agit également d’entrer dans leurs laboratoires, leurs plates-formes de recherche, de les accompagner sur leurs terrains pour montrer les lieux de la recherche dans lesquels ils œuvrent au quotidien.
Enfin et surtout, le Webmagazine de la Recherche représente le véhicule d’une autre ambition, celle qui nous anime en matière de valorisation de toutes les recherches.
À l’ère numérique, il convient de faire connaître « en temps réel » les actualités de la recherche à l’Université de La Réunion, les temps forts passés, à venir, les retours d’expérience… À titre d’exemple, ce premier numéro revient sur l’un des temps forts de la recherche dans notre université, Island Biology 2019 ayant rassemblé 450 spécialistes de la biodiversité insulaire venus de 47 pays en juillet dernier !
Mais la valorisation de toutes les recherches, c’est aussi la Nuit de chercheurs, la Fête de la science, Ma thèse en 180 secondes ou encore l’Expérimentarium qui méritent d’être mieux connus et valorisés par le texte et l’image dans les années à venir !
Donner la parole à tous les acteurs de la recherche –chercheurs, enseignants-chercheurs et personnels BIATSS- sans lesquels nulle recherche n’est possible, c’est finalement la vocation de ce Webmagazine de la Recherche car « il n’est de richesses que d’hommes » comme l’écrivait le philosophe Jean Bodin dès le 16èmesiècle !
Je ne saurais terminer ce premier édito sans saluer et remercier l’ensemble des collègues qui ont participé à la conception de ce premier numéro, qu’ils l’ont alimenté et par anticipation, je remercie toutes celles et ceux qui le feront vivre !
Enfin, devant la qualité de cette nouvelle production numérique, j’appelle de mes vœux la réalisation prochaine du projet d’un Webmagazine de l’International au sein de notre belle Université qui prend avec bonheur cet autre virage !
Bonne lecture à toutes et à tous.
Gilles Lajoie
Président du conseil académique
Université de La Réunion
Retour sur l’événement scientifique de l’année
L’Université de la Réunion a accueilli du 8 au 13 juillet la plus grande manifestation scientifique jamais organisée sur l’île : la troisième conférence d’Island Biology, qui a attiré près de 400 spécialistes de la biologie insulaire, venus de 48 pays. L’organisation de cet événement a permis de placer La Réunion sur la carte de la recherche internationale dans les domaines de l’écologie, l’évolution et la conservation des systèmes terrestres et marins insulaires.
La Society of Island Biology, jeune société savante regroupant les spécialistes de la biologie insulaire, avait déjà tenu deux conférences internationales, à Hawaii en 2014 et aux Açores en 2016, où La Réunion avait été désignée pour accueillir la troisième édition. L’Unité Mixte de Recherche Peuplements végétaux et bioagresseurs en milieu tropical (PVBMT) s’est particulièrement investie pour faire de cet événement une réussite, sur le campus du Moufia, du 8 au 13 juillet 2019. « Après le Pacifique et l’Atlantique, nous avons décidé que le tour de l’océan Indien était venu », a indiqué José Maria Fernandez-Palacios, président de la SIB lors de la séance d’ouverture.
« Jamais La Réunion n’avait accueilli une manifestation scientifique de cette ampleur, souligne Dominique Strasberg, responsable de l’UMR et coordinateur scientifique de la conférence avec sa collègue Claudine Ah-Peng. 385 participants ont été comptabilisés, en provenance de 47 pays ».
Quatre journées entières ont été consacrées à des conférences plénières, des symposiums scientifiques et des communications orales permettant de faire le point sur l’avancée des programmes de recherches à travers le monde. 128 posters ont également été présentés à cette occasion. De même, la présence de nombreux spécialistes de haut niveau a permis de mettre en place diverses sessions de formation à destination des étudiants et des doctorants. Une conférence sur les enjeux sociaux de la transition écologique était également ouverte au grand public.
Le mercredi 10 juillet, les participants ont été conviés à des visites de terrain sur quelques sites naturels emblématiques de l’île : le récif corallien, le piton de la Fournaise, la réserve de l’Etang-Saint-Paul, le Maïdo, les forêts de Bébour et Bélouve…
Cette conférence a attiré les plus grands spécialistes mondiaux dans un grand nombre de disciplines. Nous nous connaissons tous mais nous ne nous voyons pas souvent. Il est très intéressant de se retrouver tous ensemble pendant quelques jours, c’est tellement mieux que les échanges à distance !
Records d’endémisme, recul de la biodiversité
La communauté scientifique internationale accorde un intérêt grandissant aux évolutions du vivant dans les milieux insulaires, dans le contexte global des changements climatiques. Les îles sont des concentrés d’endémisme. Elles ne couvrent que 5% de la surface terrestre, mais abritent 20% des plantes vasculaires, 15% des espèces de mammifères, oiseaux et amphibiens de la Planète. Ce sont pourtant sur ces territoires que la perte de biodiversité et la disparition des espèces sont les plus rapides. L’étude de ces évolutions met notamment en lumière les interactions entre les espèces, et la perte de ces interactions à mesure que des espèces disparaissent : la biodiversité n’est pas seulement une liste d’espèces, elle est aussi composée des milliers de liens entre ces dernières. Ce sujet fut d’ailleurs abordé par plusieurs ateliers, tout comme les invasions biologiques, les actions de restauration écologique, ou l’apport des sciences sociales à la transition écologique.
« Cette troisième conférence d’Island Biology comportait davantage d’ouvertures thématiques que les précédentes, souligne Dominique Strasberg. Une place plus importante a été accordée à l’endémisme marin, une session entière a été consacrée aux zones arctiques et antarctiques... »
La manifestation d’autre part permis de faire connaître à un public éminent La Réunion comme terre de science et plate-forme de recherche de haut niveau sur certains sujets touchant à l’écologie des milieux micro-insulaires et à la quête de solutions pour préserver la biodiversité.
A la fin de la séance de clôture, Majorque (Baléares, Espagne) et Wellington (Nouvelle-Zélande) ont défendu leur candidature pour l’organisation de la quatrième conférence internationale de la Society of Island Biology. Le vote électronique a rendu son verdict en août : rendez vous en Nouvelle-Zélande en 2022 !
Les partenaires
Pour organiser la conférence Island Biology 2019, l’Université de La Réunion s’est appuyée sur de nombreux partenaires : le Cirad, le CNRS, la DEAL et la DRRT La Réunion-Mayotte, l’IRD, Météo France, Nexa, le Parc national de La Réunion, la Région et l’administration des TAAF.
Conférence en live streaming
Tous les événements de la conférence d’Island Biology organisés dans l’amphithéâtre bioclimatique du campus du Moufia, dans les séances d’ouverture et de clôture, ont été filmés et retransmis en direct par la Direction des usages numériques de l’Université de La Réunion. Les personnes non présentes ont ainsi pu suivre en live ces échanges ! Les enregistrements sont aujourd’hui accessibles sur la chaîne YouTube de l’université.
Compensation carbone
La venue à La Réunion de 450 conférenciers du monde entier a nécessité l’utilisation de moyens peu écologiques, à commencer par les transports aériens. Les émissions de CO2liées ont été estimées à 351 tonnes. Pour la première fois dans une conférence internationale, elles ont pu être compensées par deux projets de restauration des habitats, sur la commune réunionnaise du Tampon (projet Endemiel) et sur l’île d’Amsterdam (Terres australes et antarctiques françaises). 23 hectares seront replantés en espèces indigènes et endémiques, dans le cadre de ces deux projets, au cours des trois prochaines années.
La « forêt des nuages » réunionnaise, sentinelle du changement climatique
Spécialiste des bryophytes à l’Université de La Réunion, Claudine Ah-Peng a présenté à la conférence Island Biology les travaux auxquels elle participe sur la « forêt des nuages » d’altitude, où s’accumule l’eau de l’atmosphère. Ces écosystèmes ont été étudiés dans 5 îles océaniques, dont La Réunion, dans le cadre du projet MOVECLIM. Les bryophytes qu’ils abritent sont désormais sous surveillance dans notre île : ces plantes seront les premières à migrer quand les changements climatiques annoncés commenceront à faire sentir leurs effets.
Laboratoires à ciel ouvert de l’évolution de la vie, les îles sont également étudiées en raison de la destruction rapide de leur biodiversité. Une tendance qui pourrait s’accélérer avec les changements climatiques annoncés. Mais à quel rythme, avec quelles conséquences ? Des plantes un peu particulières pourraient apporter des éléments de réponses : les bryophytes. Ces mousses, hépatiques (à feuilles) et autres anthocérotes ne possèdent pas de racines, elles puisent directement leur eau et leur nourriture dans l’atmosphère. Elles se dispersent par des spores légères et devraient donc être les premières à migrer si les conditions deviennent défavorables.
Les bryophytes tropicales sont également la spécialité de Claudine Ah-Peng, ingénieure à l’Université de La Réunion, qui a commencé à les étudier dans son île il y a une dizaine d’années, alors que le sujet était quasiment vierge. « Les bryophytes sont très présentes en altitude, dans la « forêt des nuages » noyée d’humidité, dit-elle. Ces plantes absorbent énormément d’eau et font de leur riche écosystème un véritable château d’eau naturel. Or, ces forêts pourraient être affectées par le réchauffement climatique. La hausse annoncée des températures provoquera en effet une élévation du niveau de la « mer de nuages » qui apporte toute cette humidité ».
L’atmosphère deviendra plus sèche là où abondent les bryophytes, qui devraient donc être tentées de monter pour trouver des conditions favorables, tout comme les autres espèces en état de migrer. De 2012 à 2015, le projet MOVECLIM (MOntane VEgétation as listening posts for CLIMate change in small islands) a permis de mieux connaître la répartition des bryophytes et des fougères le long d’un gradient altitudinal dans cinq îles hautes, à La Réunion mais aussi à Pico (Açores), à La Palma (Canaries), en Guadeloupe et à Tahiti.
Sur la base de ce « point zéro », les mesures de température et d’humidité continuent à La Réunion, tous les 200 mètres, de 750 m jusqu’au Petit Bénare (2 600 m) dans l’Ouest, de 350 m jusqu’au piton des Neiges (3 070 m) dans l’Est. « Nous menons en parallèle des recherches en laboratoire sur certaines espèces, poursuit Claudine Ah-Peng. Alors que des sécheresses plus longues sont annoncées et que les températures pourraient s’élever de 1,5° à 1,7° d’ici la fin du siècle sur les Mascareignes, nous saurons si la forêt des nuages réunionnaises est résiliente et nous pourrons lancer des alertes si ce n’est pas le cas. »
Le village des initiatives régionales
Pendant deux journées, les 8 et 9 juillet, un « village conférence » ouvert au public a été mis en place à l’occasion d’Island Biology 2019 pour mettre en avant et faire se rencontrer les acteurs de la préservation de la biodiversité dans la zone océan Indien. L’opération entrait dans le cadre du projet MIMUSOPS (MIse en valeur et MUtualisation des connaissances de la biodiversité marine et terrestre indianOcéanique, Patrimoine à Sauvegarder) porté par l’Université de La Réunion et soutenu financièrement par le programme Interreg V Océan Indien et la Région Réunion. Nous avons fait le tour des stands.
Sur les traces des baleines à bosse
Globice, Groupe local d’observation et d’identification des cétacés, est venu présenter ses derniers projets, notamment la collecte en mer de données visuelles et acoustiques sur les cétacés (baleines à bosse, dauphins…) fréquentant l’océan Indien, en partenariat avec les associations malgaches CétaMada et Mada Megafauna et la Mauritius Marine Conservation Society. A la fin de l’hiver austral, des balises émettrices ont d’autre part été posées sur des baleines afin d’étudier leurs itinéraires de retour vers les eaux australes.
Sauver les pétrels
Depuis 2015, le projet LIFE+ Pétrels est déployé à La Réunion avec un objectif : éviter l’extinction du pétrel de Barau et du pétrel noir, deux espèces d’oiseaux marins très rares nichant dans les montagnes de l’île. Le projet avait son stand sur le village, ses animateurs ont également coorganisé un symposium avec l’équipe hawaienne du projet « Kaua’i seabird endangered project » sur les similarités entre les deux territoires.
Chiroptères à la loupe
L’association Groupe Chiroptères Océan Indien s’est donnée pour mission l’étude et la protection des chauve-souris dans l’océan Indien, ainsi que la diffusion de la connaissance sur ces espèces (à La Réunion : le petit molosse, endémique, et le taphien de Maurice). Le Groupe a mis à profit sa présence sur le village pour faire connaître le réseau qu’il anime : Sauv’Souris. Souvent mal aimés, ces petits mammifères volants peuvent rendre de grands services aux hommes, puisqu’ils consomment d’énormes quantités de moustiques !
Geckos : invasifs contre endémiques
Le gecko vert de Manapany et le gecko vert de Bourbon, tous deux endémiques, ont de la concurrence : deux cousins introduits, en provenance de Madagascar, deviennent envahissants et même prédateurs des deux premiers. L’association Nature Océan Indien s’emploie à le faire savoir et porte un programme de restauration de l’habitat du gecko vert de Manapany, dans le sud de l’île.
Les TAAF au Patrimoine mondial
Quelques jours avant la conférence Island Biology, le 5 juillet 2019, les Terres Australes et Antarctiques Françaises étaient inscrites au Patrimoine mondial ! L’Unesco reconnaissait ainsi leur valeur exceptionnelle, liée à leur biodiversité, leurs paysages et leur intégrité. La nouvelle a été saluée comme il se doit par les participants à la conférence et le stand des TAAF sur le village a permis de mieux faire connaître ces territoires éloignés.
La réserve de l’étang de Saint-Paul labélisée « Ramsar »
Le sourire était également de rigueur sur le stand de la réserve naturelle de l’étang de Saint-Paul, qui venait d’apprendre sa labélisation en tant que « zone humide d’importance internationale », dans le cadre de la convention Ramsar. Une reconnaissance qui va devenir un outil pour sensibiliser l’île, et ses décideurs, à la protection de cet écosystème exceptionnel.
Green islands, actions de conservation aux Seychelles
L’ONG seychelloise Green Islands Foundation avait fait le déplacement pour présenter ses actions de conservation dans l’archipel, notamment avec trois îles privées (Denis, North et Frégate) sensibilisées aux enjeux du développement durable. A Mahé, l’île principale, Green Island a d’autre part initié un projet de sensibilisation des pêcheurs à la protection des espèces de poissons les plus menacées.
Vahatra : pour diffuser la connaissance à Madagascar
Vahatra est une association malgache regroupant des scientifiques et des étudiants, qui apporte un appui à des projets de recherche et aux gestionnaires d’espaces naturels protégés. Elle est notamment venue présenter Malagasy Nature, le journal scientifique qu’elle édite, en même temps que des guides et diverses publications destinées à diffuser la connaissance dans la Grande Île.
La route du miel
La commune du Tampon était présente sur le village pour faire connaître son projet Endémiel : la plantation de 52 000 arbres et arbustes mellifères, indigènes et endémiques de La Réunion, afin de créer une « route du miel ». Ce corridor écologique de 36 km ira de 400 à 1600 m d’altitude. 4 jardins endémiques, représentant les 4 habitats naturels qui existaient auparavant le long de ce gradient altitudinal, seront également aménagés.
Des insectes qui inspirent
Le bureau d’études réunionnais Micropoda développe depuis plusieurs année une expertise entomologique et environnementale, à l'attention des gestionnaires des milieux naturels, des maîtres d'ouvrage, des entreprises et de leur assurance qualité, des organismes de santé publique… Il inspire également les créateurs, notamment le styliste Thomas Legros (Atelier TLJ) qui est venu sur le village pour présenter une collection de vêtements féminins aux motifs de papillons, coccinelles et autres punaises. Des motifs d’une grande fidélité à la réalité, puisque dessinés à partir de photos fournies par Micropoda !
Best Run : des étudiants engagés
Depuis deux ans, l’association Best Run mène des actions concrètes pour protéger la biodiversité : ramassage de déchets, sorties naturalistes ouvertes au grand public, participation à des chantiers de lutte contre les espèces exotiques envahissantes, ateliers de plantation… Animée par des anciens du master BEST (Biodiversité des Ecosystèmes Tropicaux), elle cherche à se faire connaître et à trouver des moyens pour devenir un incubateur des projets portés par des étudiants issus de cette filière.
ePOP au top !
Le projet ePOP a été imaginé par RFI Planète radio et développé avec l’Institut de Recherche pour le Développement. Il mobilise des jeunes observateurs qui réalisent avec un smartphone des vidéos de 2 à 3 minutes pour capter le ressenti des populations locales face aux conséquences des changements climatiques et environnementaux. Un stand ePOP était présent sur le village et le 9 juillet en fin d’après-midi, une projection de vidéos tournées à La Réunion, au Togo et en Nouvelle-Calédonie a été proposée aux participants à la conférence Island Biology.
Mais aussi…
Le Parc national de La Réunion était également présent sur le Village, notamment pour sensibiliser le public à la lutte contre les espèces exotiques envahissantes. La Srépen présentait pour sa part ses actions de préservation de la biodiversité, l’Aplamédom son patient travail d’étude et de valorisation des plantes de la pharmacopée traditionnelle de La Réunion, la société Vitrorun sa production d’orchidées in vitro…
L’université de La Réunion participe à un projet de recherche européen de grande envergure, visant à identifier des molécules « anti-âge » dans les organismes marins : TASCMAR *. L’objectif est de permettre une utilisation de ces biomolécules marines dans les industries pharmaceutiques et cosmétiques. L’équipe réunionnaise, animée par le Pr Anne Bialecki, se concentre sur l’étude des éponges, prélevées à Mayotte et à Rodrigues.
Les invertébrés marins (coraux mous, éponges, anémones de mer…) et leurs micro-organismes associés sont connus pour l’intérêt de leurs molécules, valorisables en pharmacie comme en cosmétique. Encore faut-il les identifier, et apprendre à les multiplier. Tels sont les objectifs du projet européen TASCMAR, lancé en 2015 et coordonné par l’Institut de Chimie des Substances Naturelles du CNRS. Il cible la Méditerranée, la mer Rouge, l’océan Indien mais aussi les eaux thaïlandaises.
« L’ICSN, avec lequel nous travaillons régulièrement, a souhaité nous intégrer au projet en raison de nos compétences en chimie marine et de notre localisation dans le sud-ouest de l’océan Indien, explique Anne Bialecki, directrice du Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles et des Sciences des Aliments (LCSNSA), à la faculté des sciences et technologies de l’université de La Réunion. Nous avons proposé de concentrer nos recherches sur les éponges, qui abondent sur les récifs de Mayotte et de Rodrigues ». Accrochées à leur support, les éponges émettent des substances chimiques pour se défendre contre leurs prédateurs. Elles développent également des stratégies pour s’adapter à la pression, à l’ensoleillement, à la chaleur et servent d’abri à de nombreux micro-organismes : autant de caractéristiques propices à la découverte des principes actifs recherchés.
De plus, de nombreuses espèces sont présentes dans les eaux de l’océan Indien et « chacune conserve sa part d’inconnu », souligne Anne Bialecki. En 2013, son laboratoire avait mené une campagne de collecte dans le lagon de Mayotte. 47 éponges, appartenant à 45 espèces différentes, n’avaient pas encore été étudiées. Le projet TASCMAR a permis de les sortir de la congélation, mais aussi d’organiser une mission de collecte à l’île Rodrigues, où les éponges n’avaient jamais fait l’objet d’exploration. 67 échantillons ont été remontés à la surface, avec le concours de plongeurs professionnels et le renfort de Nicole De Voogd, spongiologue néerlandaise du muséum Naturalis de Leiden, partenaire historique du LCSNSA. Ramenées à la Réunion, les éponges rodriguaises ont été répertoriées et entrées dans une base de données accessible à tous les partenaires de projet, tout comme les éponges de Mayotte.
Un patient travail a été mené sur les deux collectes, en plusieurs étapes : extraction de molécules, puis fractionnement des extraits jusqu’à l’isolation des molécules actives. Les tests d’activités biologiques ont été réalisés en Europe par les partenaires de TASCMAR. L’équipe réunionnaise s’emploie désormais à identifier les molécules pures correspondant aux objectifs de la recherche. « Nous en avons déjà identifié une trentaine, poursuit Anne Bialecki. Elles seront évaluées très prochainement par nos partenaires. Une autre possibilité d’accéder aux molécules « anti-âge » a été explorée : la voie microbienne. Les éponges se nourrissent en effet par filtration de l’eau environnante et sont les hôtes d’une importante diversité de micro-organismes. Il est reconnu aujourd’hui que ces micro-organismes associés peuvent être source de molécules médicaments. Notre laboratoire travaille à leur isolement, leur multiplication et l’identification des molécules qu’ils produisent, l’objectif, à terme, étant également la culture de ces micro-organismes. Le projet TASCMAR se clôture fin 2019, nous poursuivrons notre travail au-delà pour mener les recherches à leur terme. ».
Après TASCMAR, l’avenir reste à écrire. De la Méditerranée à l’océan Indien, en passant par la mer Rouge et les eaux asiatiques, la mer livre progressivement ses secrets. Des médicaments et des produits cosmétiques de demain comporteront peut-être des molécules découvertes dans des éponges de Mayotte et de Rodrigues !
*Tools And Strategies to access to original bioactive compounds from Cultivation of MARine invertebrates and associated symbionts
Contact :
Anne Bialecki, professeur et directrice
Equipe d'accueil LCSNSA - Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles et des Sciences des Aliments
Projet TASCMAR
Anne Bialecki (professeur), responsable du projet, Laurent Dufossé (professeur), Mireille Fouillaud (maître de conférences), Patricia Clerc (ingénieur d’étude), Jean-Bernard Boyer (technicien), Florent Tintillier (technicien), Charifat Saïd Hassan (doctorante), Pierre-Eric Campos (post-doctorant), Juan-Manuel Mora-Rey (ingénieur projets), Lynda Saminadin (gestionnaire) et 4 stagiaires M2.
5 institutions académiques :
6 partenaires industriels :
1 cabinet de conseil :
1 ONG :
Le projet TASCMAR a été financé dans le cadre du programme opérationnel Feder 2007-2013, par l’Union européenne (programme Horizon 2020 pour la recherche et l’innovation) et la Région Réunion, à hauteur de 6,7 millions d’euros. 400 000 euros ont été alloués au Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles et des Sciences des Aliments de l’université de La Réunion.
Platin OI (plateau infection océan Indien) est la dernière née des infrasctructures de recherche de l’Université de La Réunion.
Ouvert en 2018, ce plateau accueille les chercheurs de PIMIT (Processus Infectieux en Milieu Insulaire Tropical - unité mixte de recherche Université de La Réunion / Inserm / CNRS / IRD) travaillant sur des maladies infectieuses telles que la dengue ou Zika et met à leur disposition trois laboratoires de travail confinés et sécurisés ainsi qu’un insectarium.
Ce reportage nous permet de partager une journée avec ces chercheurs.
Contact :
Patrick Mavingui, Directeur de recherche
Unité mixte de recherche PIMIT
(Processus Infectieux en Milieu Insulaire Tropical)
Robots et humains, main dans la main ?
Et si au lieu de remplacer les humains, les robots pouvaient accomplir des tâches en synergie avec ces derniers ? Mais aucun robot n’est aujourd’hui capable d’interagir en temps réel avec l’homme de façon sécurisée.
C’est autour de cette question que s’est monté le projet CoBot (collaborative robot), financé par l’Agence nationale de la recherche et porté par le laboratoire d'analyse et d'architecture des systèmes (LAAS - CNRS), en partenariat avec le Centre de recherches sur la cognition animale (CRCA - université Toulouse III / CNRS) et le laboratoire en ingénierie, recherche et intervention, sport, santé et environnement (IRISSE) de l’université de La Réunion.
Ces trois laboratoires tentent de comprendre les synergies entre deux humains pour transporter une charge et de les reproduire entre un être humain et un robot humanoïde. IRISSE apporte notamment son expertise en biomécanique et neurophysiologie (analyse et modélisation en 3D des angles articulaires, mesures de forces, de l’activité musculaire) pour comprendre les stratégies biomécaniques et physiologiques nécessaires à la tâche. Les résultats obtenus seront ensuite implémentés et testés sur des robots.
Contact :
Nicolas Turpin, maître de conférences
Laboratoire IRISSE - laboratoire en ingénierie, recherche et intervention, sport, santé et environnement
Un drone pour suivre l'érosion des plages !
Le service national d'observation des dynamiques côtières (SNO DYNALIT) est un réseau d’observation de l’évolution du littoral en France. Il coordonne 10 observatoires des sciences de l’univers (OSU), 22 universités et 20 laboratoires de recherche. Dans ce cadre, l'OSU Réunion s'est équipé (grâce au soutien financier de la DEAL et de l'université) d'un drone pour étudier l'évolution de la topographie des plages. Après une longue phase de préparation (formations des personnels, autorisations administratives) l'instrument entre en phase opérationnelle.
Philippe Grandjean, responsable du pôle Drones Observatoire de Lyon et Marion Jaud, ingénieur de recherche CNRS à l'Institut Universitaire Européen de la Mer, ont effectué une dernière mission pour finaliser la prise en main de ce drone et de toute la chaîne de traitement des données recueillies par l'équipe du projet. Celle-ci, composée de Yoan Benoit et Pierre Stamenoff de l’OSU-Réunion, de Gwenaëlle Pennober de l’UMR Espace-dev et de Florian Jouvenot, étudiant de Master 2 RNET, dispose maintenant d’un nouvel outil pour alimenter le réseau DYNALIT, interlocuteur privilégié des politiques de gestion des risques littoraux.
Contact :
Gwenaëlle Pennober, professeur
Unité mixte de recherche Espace-dev - Espace pour le développement
Au chevet du flanc est du Piton de la Fournaise
Du Piton de la Fournaise, on connaît bien les éruptions qui en font l’un des volcans les plus actifs au monde. Ce qu’on sait moins, c’est que le flanc est de ce volcan de l’île de La Réunion glisse d’environ 2 cm par an. Ce phénomène est récurrent sur les îles volcaniques et n’a rien d’alarmant.
Une mission scientifique de grande ampleur a été menée en 2017 par le LGSR, notamment basée sur la tomographie de résistivité électrique. Cette technique consiste à envoyer un courant électrique dans le sous-sol et à mesurer la résistance de celui-ci à se laisser traverser par ce courant, donnant ainsi de précieuses indications sur sa composition. Cela a permis de réaliser une image du Piton de la Fournaise (un peu comme celle d’un scanner) et de savoir où se situent les zones de faiblesse à l’origine du glissement de son flanc est. La technique est utilisée pour d’autres volcans insulaires, comme l’Etna. À La Réunion, 19 chercheurs, ingénieurs et techniciens ont été mobilisés et ont déployé plus de 20 km de câbles sur le volcan, dans des conditions parfois extrêmes.
Ce film retrace cette mission scientifique.
Contact :
Anthony Finizola
Unité mixte de recherche Laboratoire Géosciences Réunion
Une cartographie des ondes qui nous entourent
Durant les deux dernières décennies nous avons assisté à un développement constant des technologies de communication sans fil. Afin d’obtenir une cartographie en temps réel de la puissance des ondes électromagnétiques, le projet CARERC (CARtographie Electromagnétique par Réseaux de Capteurs) propose la réalisation d’un réseau de capteurs mesurant la puissance de ces ondes. Les valeurs mesurées sont enregistrées dans une base de données, à partir de laquelle elles pourront être utilisées - en direct - par un outil de visualisation et d'analyse.
Au-delà de la mesure des ondes électromagnétiques, ce réseau se veut autonome en énergie afin de pouvoir fonctionner dans tout type d’environnement et capable d'embarquer d'autres types de capteurs.
Financé par le fond FEDER et d’une durée de deux ans (2017-2019), le projet est porté par le LE2P-ENERGYLab.
Contact :
Pierre-Olivier Lucas de Peslouan, ingénieur de recherche
LE2P - Laboratoire d’Energétique, d’Electronique et Procédés
Créer du lien avec les industriels du territoire
En partenariat avec l’association pour le développement industriel de La Réunion (ADIR), La cellule valorisation du pôle recherche de l’université de La Réunion a organisé une matinée d’échanges en juillet. Des industriels locaux ont été conviés sur le campus du Moufia pour découvrir deux laboratoires, celui de chimie des substances naturelles et des sciences des aliments (LCSNSA) et le laboratoire d’énergétique, d’électronique et procédés (LE2P). Outre une visite des laboratoires, les modalités de partenariat proposées à l’université de La Réunion ont été présentées aux industriels et chercheurs présents. La cellule valorisation a pour rôle de recueillir les besoins des industriels, d’être l’interface avec les laboratoires, avant de réaliser une estimation des besoins et de procéder à la négociation des contrats (convention de collaboration ou de prestations, thèse CIFRE, …).
D’autres rencontres entre des industriels et des chercheurs de disciplines connexes, dans le but de créer des liens et susciter des collaborations, sont envisagées par l’ADIR et la cellule valorisation.
Contact :
Marion Le Lay et Fabien Hazera
Pôle recherche, cellule valorisation
La publication des œuvres complètes de Bernardin de Saint-Pierre
L’unique version des Œuvres complètes de Bernardin de Saint-Pierre (1818), publiée sous une forme incomplète et contestée, n'avait plus été rééditée depuis les années 1860. À la suite du colloque Bernardin de Saint-Pierre et l’océan Indien (UR, 2009), naquit le projet d'une édition savante et véritablement complète des Œuvres, incluant tous les écrits posthumes établis sur les manuscrits ainsi que des textes inédits, dans une version dotée d’un important appareil critique érudit se proposant de devenir l’édition de référence.
Coordonné par Jean-Michel Racault, avec le support technique du Bureau transversal des colloques et de la recherche de la Faculté de Lettres et Sciences Humaines, ce projet de grande ampleur mobilise une vingtaine de spécialistes internationaux (universités de Paris VIII-Nanterre, Tours, Toulouse, Belfast, Canterbury, Exeter, Manchester, Nottingham, Turin, Vancouver, Varsovie) réunis en plusieurs équipes. Sur les 6 tomes prévus, chacun de 1000 à 1300 pages, sont parus le tome I, Romans et contes (2014) et tout récemment (2019) les tomes II, Voyages, et III, Œuvres scientifiques. Ce travail permet de fournir des éditions critiques d’œuvres depuis longtemps indisponibles et renouvelle la connaissance de l'écrivain et de son contexte intellectuel en révélant des écrits jusqu’alors inconnus.
Contact :
Jean-Michel Racault, professeur émérite
Laboratoire DIRE , Déplacements Identités Regards Ecritures
NEWTS : un coup de pouce pour mieux consommer
S’il suffit aujourd'hui de tourner un robinet pour la faire couler, on oublie souvent que l’eau est une ressource rare et, enjeu majeur du XXIe siècle. A La Réunion, mais aussi en Afrique du Sud, en Tunisie ou en Espagne où sont basés les chercheurs du projet NEWTS (Nudges for Economics of Water Tariffs).
Ce projet s'attache à identifier les avantages et inconvénients, pour la bonne gestion du service, de ces nouvelles politiques publiques que sont les nudges et les boosts. A la suite des travaux de Kahneman et Thaler, prix Nobel d’économie, ces interventions comportementales visent à orienter nos décisions de tous les jours dans le sens de l'intérêt commun. L’exemple le plus connu est celui des mouches que l'on trouve parfois dans les urinoirs mais l'on peut citer aussi les passages piétons 3D, dont un récemment mis en place au Port.
Le CEMOI porte ce projet financé par la Commission Européenne et l’Agence Nationale de la Recherche, associant les universités de Rennes I, Grenoble, Angers, Oviedo, Tunis et la ville du Cap. A La Réunion, le programme de recherche consistera, après une première identification et quantification des facteurs de surconsommation, à tester l'efficacité de messages portant sur la perception et la bonne compréhension du système tarifaire.
Contact :
Michel Paul, maître de conférence
Laboratoire CEMOI - centre d’économie et de management de l’océan Indien
Plumes de volcan, un film scientifique primé
Le film Plumes de volcan a remporté le prix du public au festival du film 2019 de l’ANSTIA (Association Nationale des Services TICE et Audiovisuels de l'enseignement supérieur et de la recherche) !
Ce film suit une équipe internationale et pluridisciplinaire de scientifiques du LACy (université de La Réunion, CNRS-INSU, IPGP), de l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise et de plusieurs laboratoires de recherche français et italiens. Ils sont engagés dans un projet de grande envergure, STRAP (Transdisciplinary Synergy to Respond to Aleas related to Volcanic Plains), destiné à étudier les panaches volcaniques de moindre intensité.
Les panaches émis lors des éruptions volcaniques majeures ont d’importantes conséquences sur la vie quotidienne des populations. Ce n’est que récemment que les scientifiques se sont interrogés sur les effets environnementaux des éruptions de moindre intensité, ou du dégazage permanent de certains volcans. Ces panaches, souvent modestes, sont également plus fréquents, et peuvent dès lors impacter considérablement les écosystèmes, le climat et les populations.
Plumes de volcan nous emmène sur les pentes de différents volcans de La Réunion à la Sicile. Il est produit et réalisé par la direction des usages du numérique de l’université de La Réunion (DUN) en partenariat avec l'Agence nationale de la recherche et le CNRS.
Contact :
Pierre Tulet, directeur de recherche
Unité mixte de recherche LACy - laboratoire de l’atmosphère et des cyclones
Le célèbre défi de vulgarisation international est à nouveau lancé à l’université de La Réunion. Les inscriptions sont d’ores et déjà ouvertes aux candidats qui auront comme objectif la finale régionale le 6 mars sur le campus du Moufia. Les deux lauréats rejoindront la demi-finale nationale début avril à Paris.
Une douzaine de candidats sera accompagnée par le pôle recherche pour tenter de faire comprendre leur sujet de recherche au public présent dans la salle et sur les réseaux sociaux, en 180 secondes top chrono. L’occasion pour le public de découvrir autant de sujets de thèse de manière ludique et de récompenser, par son vote, les 180 meilleures secondes.
Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 3 février 2020.
Contact :
Médiation scientifique - Ecoles doctorales
Ma thèse en 180 secondes
Le Tampon accueillera, les 9 et 10 avril 2020, le colloque "Droit et volcanisme". L'objet de la manifestation sera d'approfondir les travaux relatifs au droit des risques volcaniques, débutés le 9 avril dernier à l'université de Clermont Auvergne, au titre de l'axe de recherche "Risques naturels et vulnérabilités" (financement I-Site).
Le colloque d'avril prochain débutera par une discussion de l'ouvrage dont Olivier Dupéré a entrepris l'écriture (Droit et volcanisme. Une approche à partir de l'arrêt Rodes (Conseil d'Etat, 18 mai 1983). Il se poursuivra autour du thème "Expertise volcanologique et droit", avant d'aborder les questions juridiques très particulières que pose le volcanisme mahorais, puis d'examiner les incidences des risques volcaniques sur divers aspects de la vie juridique. Une table-ronde terminale aura pour objet d'examiner la gestion des éruptions du Piton de la Fournaise.
Chaque séance a été conçue de manière pluridisciplinaire, pour associer, aux travaux des juristes, aussi bien géographes que volcanologues et fonctionnaires spécialistes de la gestion des crises. Cerise sur le Piton, il se pourrait bien qu'un grand nom soit convoqué à la barre !
Contacts :
Olivier Dupéré, maître de conférences en droit public
Centre de recherche juridique (CRJ)
Sabrina Dupouy, maître de conférences en droit privé
Centre Michel de l'Hospital
Le Droit doit s’adapter aux évolutions scientifiques. Ce mythe de l’adaptation du Droit au Fait constitue une interrogation majeure lorsque l’on s’intéresse au corps humain. En effet, le corps a longtemps été saisi par le système juridique par le biais de la naissance et de la mort de la personne physique : il constitue un marqueur de la temporalité du sujet. Les progrès scientifiques et technologiques ont conduit le corps humain à devenir un objet de recherche, de transformation, de dépassement de la Nature.
Entité naturelle et sacrée hier, le corps humain aujourd’hui présente-il encore une unicité face aux appétits de performance, de jeunesse éternelle, d’immortalité que la technologie peut satisfaire ? Dans quelle mesure la transformation artificielle du corps rejaillit-elle sur la personne humaine ? et sur le Droit en tant que corpus ?
Cette journée d’études se propose d’envisager les rapports entre Corps humain, Technologies et Droit afin de saisir les enjeux juridiques tant de qualification que de régime. Elle se tiendra le vendredi 24 avril 2020 à la faculté de droit et d'économie.
Contacts :
Céline KUHN et Cathy POMART, maîtres de conférences HDR en droit privé
Centre de recherche juridique (CRJ)
La nuit européenne des chercheur.e.s : nous sommes entrés dans l’enquête !
Avec pour thème "Entrez dans l'enquête", une soixantaine de chercheur.e.s a échangé avec le public le vendredi 27 septembre, à l’IAE, pour la nuit européenne des chercheur.e.s.
Cette deuxième édition à La Réunion a rassemblé plus d’un millier de visiteurs, accueillis par une belle équipe de 50 bénévoles, en grande majorité des étudiants. Au programme : des ateliers ludiques et conviviaux pour comprendre comment les chercheur.e.s mènent leurs projets. Un escape game, une grande expérience participative de peluchologie, un bouche à oreille… les chercheurs de l’université de La Réunion, des organismes de recherche du territoire, mais aussi des structures rattachées au ministère de la culture ont largement joué le jeu.
Cet événement, initié par la commission européenne dans le cadre du programme Horizon 2020, se déroule simultanément dans 370 villes en Europe dont 13 en France et est organisé à Saint-Denis par la cellule médiation scientifique de l’université de La Réunion.
Fête de la science
Pour la 3ème année consécutive, l’université de La Réunion a co-organisé la Fête de la science sur ses trois campus, les 14 et 15 novembre derniers. En ouvrant ainsi les portes de trois de ses sites, Moufia, Saint-Pierre et le Tampon, l’université permet à la science de rayonner sur le territoire. Cet événement d’ampleur a rassemblé plus de 4 700 visiteurs scolaires et individuels et mobilisé près de 700 étudiants, doctorants, enseignants-chercheurs, techniciens, volontaires et personnels de l’université de La Réunion.
L’enthousiasme des personnels et des étudiants a été récompensé par les réactions étonnées ou émerveillées des élèves, de la maternelle au lycée, venus leur rendre visite. C’est en tout plus de 110 animations qui étaient proposées : ateliers, jeux, démonstrations, visites de laboratoire, projections, conférences… De quoi faire une belle fête et donner envie de faire vivre la science !
Experimentarium
Déjà sollicitée pour des rencontres doctorants/collégiens en 2018, la cellule de médiation scientifique de l’Université de La Réunion a souhaité mettre en place le dispositif Expérimentarium pour enrichir les échanges. Le 7 juin, première mise en pratique au collège Albert Lougnon.
Ils se sont levés de bonne heure ce matin pour retourner au collège. Et pourtant, le collège, ça fait bien longtemps qu’ils n’y étaient pas allés, huit ans au moins ! « Ils », ce sont Angélique, Axel, Chloé, Christelle, Eva, Maël, Maëva, Margaux, Michaël, Morgane et Yannick, onze doctorants de l’Université de La Réunion, les tout premiers de l’île à participer à l’Expérimentarium.
L’Expérimentarium, c’est une occasion pour les jeunes chercheurs de parler de leurs travaux avec des élèves du CM2 à la terminale. C’est un dispositif qui est né à l’Université de Bourgogne dans les années 2000 et qui essaime depuis dans plusieurs régions de l’hexagone et d’outremer.
Pour cette première à La Réunion, trois médiateurs scientifiques sont venus des universités de Bourgogne, Franche-Comté et Aix-Marseille qui proposent régulièrement ce type d’animation. Pendant une semaine, avec leur consœur locale, ils ont accompagné les doctorants dans la préparation d’ateliers de vingt minutes, leur distillant conseils et astuces pour vulgariser leurs propos et interagir avec les élèves.
Les jeunes chercheurs se sont creusés les méninges pour expliquer leurs travaux, en les rendant accessibles sans les dénaturer. Ils ont préparé des supports et des outils pour rendre palpable leur quotidien. Photographies aériennes, crottes de chauve-souris en pâte à modeler, livres d’auteures africaines et photos côtoient panneaux photovoltaïques, cartes et tablettes numériques.
Après quatre jours de préparation intense, ils ont rassemblé tout leur matériel dans des sacs à dos et des cartons et les ont apportés au collège Albert Lougnon, dans les hauts de Saint-Paul. Et ils les ont présentés à douze classes de sixième et de troisième. Pendant une heure trente, chaque classe est accueillie par trois ou quatre doctorants et chaque élève participe à trois ateliers.
Au démarrage, difficile de savoir qui, des élèves ou des doctorants, sont les plus impressionnés. Mais après cinq minutes, la glace fond et les ateliers se succèdent sans qu’on voie le temps passer. Rires et questions fusent, les élèves manipulent les objets, posent des questions auxquelles les doctorants n’ont pas toutes les réponses, mais après tout, la recherche est un perpétuel questionnement.
A la fin de la journée, chacun rentrera chez soi. Les doctorants, fatigués mais heureux d’avoir pu partager leur passion et leur quotidien avec les collégiens. Les adolescents, contents d’avoir levé le voile sur l’activité des laboratoires de l’Université de La Réunion, avec pour certains, la naissance d’une vocation.
Contact :
Médiation scientifique
Pôle recherche
Marie-Annick Lamy-Giner
Marie-Annick Lamy-Giner est maître de conférences en géographie. Elle enseigne à la faculté de Lettres et Sciences Humaines et mène ses recherches au sein de l’équipe d’accueil “Océan Indien : Espaces et Société”.
Elle est également rédactrice en chef de la revue en ligne “Carnets de recherche de l’océan Indien”.
En mai 2019, elle a soutenu son habilitation à diriger des recherches qui lui permet d’encadrer de jeunes chercheurs durant leur doctorat.
Contact :
Marie-Annick Lamy-Giner
Unité d'accueil Océan Indien Espace et Société (OIES)
Florian Guibbal
Florian Guibbal a soutenu sa thèse en chimie à l’université de La Réunion en 2017 au sein de l’unité mixte de recherche DéTROI (Diabète athérothrombose Thérapies Réunion Océan Indien - Université de La Réunion / INSERM). Il est actuellement en post-doctorat à l’université d’Oxford où il participe à des recherches sur le cancer du sein.
Durant sa thèse, Florian a travaillé sur l’utilisation d’une molécule pour repérer les plaques d’athérome (amas de graisse dans les vaisseaux sanguins et les artères, à l’origine notamment d’accidents vasculaires cérébraux ou d’infarctus).Cette molécule appelée Darapladib avait été initialement conçue pour réduire le risque d’infarctus. En lui attachant un marqueur radioactif, l’équipe de Florian a pu constater son attrait pour les plaques d’athérome et les rendre visibles à l’imagerie médicale. Les résultats de ces travaux ont fait l’objet d’un dépôt de brevet et de futurs essais cliniques devront confirmer l’intérêt de la molécule dans le diagnostic de l'athérothrombose.
Contact :
Unité mixte de recherche Diabète athérothrombose Thérapies Réunion Océan Indien (DéTROI)
Une vie d'enseignant-chercheur
Depuis trois mois maintenant, je suis professeur émérite de l’université de La Réunion.
C’est l’occasion pour moi de faire une brève rétrospective de mes activités dans cet établissement. Si je suis contraint d’accepter le terme incongru de « retraite » sur le plan administratif, je le récuse sur le plan personnel : il ne fait pas partie de mon lexique intime ! D’ailleurs, je continue à publier, à diriger des travaux – mémoires et thèses – et à assurer des cours à titre gracieux dans le cadre rectoral de la préparation à l’Agrégation des langues de France (c’est-à-dire les langues régionales), l’option « créole » étant ouverte à la session de 2020. À la demande du Président de l’Université, j’ai accepté aussi une mission officielle, celle de chargé de projet « charte et commission de déontologie ».
C’est un plaisir pour moi de me rendre utile à une communauté à laquelle j’ai si longtemps appartenu. Pour ce qui est de ma spécialité, je me considère comme linguiste dans l’âme. Dès ma plus tendre enfance, j’ai été amoureux des langues et du langage. Plus tard, comme étudiant, j’ai pris conscience que le langage est au cœur de l’humain, d’où sans doute mon goût pour la linguistique. Toutes les langues, vivantes ou anciennes, me passionnent, et j’ai la chance d’en pratiquer un nombre important. Je continue à étudier les langues pour mon plaisir personnel.
J’ai un parcours universitaire mixte, français (trois licences, une maîtrise, habilitation à diriger des recherches) et britannique (doctorat en linguistique). Un jour, en 1991, l’université de La Réunion a débarqué dans ma vie : après huit ans de missions d’enseignement de la linguistique dans cet établissement, j’y ai été nommé professeur en 1998.
J’aurai eu le plaisir d’y enseigner la linguistique sous diverses formes : linguistique générale, comparée, française, anglaise, germanique, hispanique et latine... mais aussi la phonologie, la sociolinguistique, la créolistique, la linguistique du discours, la rhétorique et le discours argumentatif.
J’ai connu des centaines d’étudiants. J’ai toujours essayé de les faire profiter de mon expérience et de ma conception des études, en faisant de mon mieux pour leur faire acquérir des connaissances, mais aussi et surtout des principes et des méthodes, des outils d’analyse des langues et de leurs structures, ainsi que la rigueur et la probité intellectuelles. Je pense sincèrement avoir toujours entretenu d’excellentes relations avec eux. J’ai régulièrement reçu des témoignages dans lesquels ils me confient ce que je leur ai apporté : c’est ce qui compte le plus pour moi, finalement, au moment où je m’exprime ici.
Il m’est souvent arrivé d’évoquer la nécessaire relation « érotique » – j’ose le mot – avec le sujet d’étude. Si l’on veut vraiment réussir et vivre cette réussite avec bonheur, il faut de la passion. J’ai aussi mis l’accent sur la nécessité de bien argumenter, de manier l’art de la démonstration et d’éviter le flou et les approximations. J’ai toujours placé au centre le sens critique, qui ne peut s’exercer que si l’on domine son sujet ; or il faut bien passer par différentes étapes, dont la nécessaire acquisition de connaissances, qui connaît elle-même plusieurs phases : l’écoute ou la lecture, la compréhension et la mémorisation. En outre, les cours ne sont pas simplement destinés à être suivis en vue d’une réussite à des épreuves : leurs contenus doivent être fixés au-delà des examens.
On peut étudier les langues pour les parler, mais aussi pour comprendre leur fonctionnement et leurs structures, et c’est d’ailleurs ce second aspect qui est l’objectif de la linguistique. Parmi les langues que l’on parle sur cette planète, certaines sont appelées créoles en raison de leur histoire. Je m’étais intéressé aux créoles et, plus généralement, à ce qu’on appelle les langues de contact, bien avant de travailler à La Réunion. Mais il va de soi que sur ce terrain, j’ai focalisé une bonne partie de mes recherches sur le créole réunionnais, et aussi sur le mauricien et le seychellois. Je pense très sincèrement avoir apporté une contribution intéressante à ce champ.
Je me suis toujours efforcé de démontrer que les créoles sont des langues comme les autres, seule l’histoire tragique de leur genèse étant spécifique. J’ajoute qu’il est difficile de séparer la question linguistique de celle de l’école et du système éducatif sur un territoire comme celui de La Réunion.
Dans tous mes enseignements et dans bon nombre de mes travaux, j’ai insisté sur le fait que la faculté de langage est une propriété innée de l’espèce humaine et que les langues sont des constructions mentales qui se produisent dans un contexte social. Chaque enfant recrée la langue à partir de l’interaction avec son entourage. C’est l’une des multiples raisons qui font que toute langue change en permanence. Chaque nouvelle génération la reconstruit et les créoles n’échappent pas à ce principe.
Pour ce qui est de mon investissement dans la gestion de notre établissement, je crois bien ne jamais avoir connu de période sans exercer une fonction de pilotage : directeur de département, directeur d’unité de recherches, vice-président du conseil scientifique, créateur et directeur d’école doctorale, président du conseil académique en formation restreinte... Au fil des années, mon expérience s’est enrichie et je pense sincèrement l’avoir mise au service de notre communauté.
Pour clore cette « Carte blanche », je dois confier une préoccupation : l’Université française, souvent secouée par des réformes, est en pleine mutation. Cela ne doit pas entraîner l’abandon des valeurs traditionnelles fondatrices d’une culture forte, qu’il convient de préserver. Tel est le message que j’aimerais laisser.
Jean-Philippe Watbled, professeur émérite
Laboratoire de recherche sur les espaces créoles et francophones (LCF)
Directeur de la publication : Frédéric Miranville, président de l'Université de La Réunion
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Contact :mediation-scientifique@remove-this.univ-reunion.remove-this.fr
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- Numéro 1
Remerciements
Ce projet a pu voir le jour grâce à la confiance et au soutien de Georges Dalleau et Sophie Geoffroy (vice-présidents en charge de la recherche et de la valorisation) et de Gilles Lajoie, président du conseil académique et au cofinancement de la Direction Régionale à la Recherche et à la Technologie
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